Les prostituées s'opposent à la fermeture du Quartier rouge à Amsterdam

Derrière les vitrines baignées de la lumière écarlate de néons rouges, des centaines de prostituées exercent le plus vieux métier du monde le long de canaux pittoresques d'Amsterdam. Et elles ne souhaitent pas que cela change.
par
sebastien.paulus
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Or, depuis que la première femme maire de la ville a promis de s'attaquer au désordre et à l'insécurité dans le célèbre Quartier rouge, ça s'agite dans les petites ruelles, prisées par les habitués mais aussi par des millions de touristes du monde entier.

Pour améliorer les conditions de travail des travailleuses du sexe, l'édile envisage de déplacer les fameuses vitrines et les bordels vers un autre quartier de la ville, loin du centre historique. Au grand dam de nombreuses prostituées.

«Notre enquête menée auprès de 170 travailleuses du sexe derrière les vitrines a clairement montré que 93% d'entre elles ne veulent pas s'éloigner du Quartier rouge», déclare auprès de l'AFP Felicia Anna, présidente du syndicat Red Light United.

Située en plein centre-ville, autour d'une église à deux pas de la gare centrale, la zone dite des Wallen est l'un des plus grands attraits touristiques d'Amsterdam, ville de 850.000 habitants qui a attiré l'an dernier quelque 18 millions de visiteurs.

Le Quartier rouge est toutefois loin d'être une carte postale: la zone, en proie à une hausse de la criminalité locale et à une foule de jeunes touristes fêtards, était autrefois surnommé le «kilomètre carré de misère» par la police.

La maire écologiste Femke Halsema a formulé quatre options pour «endiguer la criminalité et la traite d'êtres humains» et «rendre la vie plus agréable pour les habitants du quartier».

«Hôtel de prostitution»

Dans un premier scénario, elle propose la fermeture des rideaux des vitrines pour que les travailleuses du sexe et leurs lieux de travail ne soient plus visibles depuis la rue.

Déménager certains bordels vers d'autres quartiers de la ville ou carrément fermer l'ensemble des vitrines et ouvrir un nouveau Quartier rouge ailleurs, loin du centre-ville touristique d'Amsterdam, sont également des options à l'étude.

A l'autre extrême, la maire suggère, dans un quatrième scénario, l'ouverture de plus de vitrines, dont le nombre est actuellement plafonné à 330 dans le Quartier rouge, afin de limiter le travail du sexe illégal. Dans ce cas, un «hôtel de prostitution» pourrait même être créé.

«Seule cette dernière option est à notre avantage», estime Felicia Anna, jeune femme d'origine roumaine. Elle affirme qu'elle et ses collègues n'ont pas besoin d'être davantage protégées par la municipalité.

«Dire que nous sommes des victimes et vulnérables au trafic (d'être humains) ne nous aide pas. Cela nous stigmatise. Arrêtez de parler de nous comme ça», lâche-t-elle.

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