Près d'un francophone sur deux pense qu'il faut interdire l'abattage d'arbres en forêt

Le Belge francophone perçoit la forêt comme un sanctuaire à protéger mais ne la connaît au fond que très peu, selon une enquête réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1.006 individus en Région wallonne et en Région bruxelloise à la demande de la Société royale du cheval de trait ardennais, organisation à l'origine de la Foire agricole de Libramont.
par
Clement
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L'enquête, réalisée entre juin et octobre 2018, est la réactualisation d'une enquête similaire menée en 2005. Nos contemporains ont une connaissance «approximative» de la forêt: à peine 25% des répondants ont une idée précise de son étendue -qui recouvre 33% du territoire wallon- et seuls 10% disent pouvoir reconnaître plus de 10 espèces d'arbres.

«Le niveau de connaissance n'est pas élevé. On est davantage dans les représentations, dans les mythes, dans les émotions que dans les connaissances», constate le sociologue Daniel Bodson, auteur de l'enquête.

Près d'un sondé sur deux indique fréquenter la forêt «au moins une fois par mois» et 23% «une fois par semaine ou le week-end». L'enquête, dont les résultats ont été présentés jeudi à Libramont, à la veille de l'ouverture de la Foire agricole et forestière, constate un «clivage significatif» en fonction du statut socio-professionnel ainsi que du niveau de diplôme. En clair, plus une personne dispose d'un diplôme élevé, plus elle se rend régulièrement en forêt.

"Un rapport ludique"

S'agissant des activités pratiquées, «nos contemporains ont un rapport ludique à la forêt», observe Daniel Bodson, puisque 89% des répondants citent des activités ludiques liées à une préoccupation d'entretien du corps (promenade, jogging, randonnée) ou au sport (vélo, VTT, équitation). A peine 1,5% des répondants déclarent aller en forêt pour travailler.

Interrogés sur la principale fonction que doit remplir la forêt, les sondés citent la régénération de la qualité de l'air (29%) et la préservation de la nature (26%), puis la fonction de loisirs et de tourisme (19%). A l'inverse, les fonctions économiques traditionnelles de la forêt sont peu mentionnées. «On voit se dessiner une manière de concevoir la forêt comme un refuge, un sanctuaire, comme un endroit qu'il faut préserver», analyse le sociologue.

La chasse gagne du terrain

S'agissant de la chasse, 58% des sondés la jugent nécessaire - c'est davantage que lors de la précédente enquête de 2005 -, pour 37% qui l'estiment «inutile et nuisible».

Enfin, pour 75% des sondés, il faut interdire les balades dans les bois en engins motorisés (quads, motos, etc.) et pour 46%, soit tout de même près d'une personne sur deux, il faudrait tout bonnement interdire l'abattage des arbres. Un niveau qui fait bondir des acteurs de la filière bois wallonne, qui soulignent qu'en Belgique, les parcelles d'arbres abattus et exploités sont replantées...