Marseille face au fléau des trottinettes jetées à la mer

Des centaines de trottinettes électriques jetées à la mer de l'esplanade du Mucem, de la Corniche ou de la plage du Prado: à Marseille, opérateurs et bénévoles tentent de mettre fin à un jeu destructeur et polluant.
par
Camille
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La «mode» de la trottinette à la mer, selon le responsable des opérations de Lime, le leader du marché, a explosé avec les vacances scolaires. «On a remarqué que beaucoup de nos trottinettes perdaient le signal sur le littoral», explique Jérôme Poulet, dont la société déploie 1.000 appareils par jour à Marseille. Les coupables selon lui? «Des enfants, de 8-10 ans, qui sont seuls dans la ville du matin au soir et nous expliquent que pour eux c'est un jeu», répond Jérôme Poulet. Pour Lime, les trottinettes jetées à l'eau sont perdues: «A part quelques pièces détachées, on ne peut plus rien en tirer»

AFP / G. Julien

Le manque à gagner pour les opérateurs, ce n'est pas ce qui inquiète Adrien Painchaud. Cet éducateur spécialisé marseillais a découvert le phénomène des trottinettes immergés début juillet en nageant. «Ca me faisait mal au cœur de voir ça dans ces eaux si belles, j'ai lancé un appel sur les réseaux sociaux et avec quatre amis on est allé les chercher», explique-t-il.

Les opérateurs indifférents au problème de pollution

Avec une corde et un masque de plongée, Adrien Painchaud et ses amis ont remonté 35 trottinettes en une soirée. Des charges lourdes (une trottinette pèse 15 kilos environ) qu'ils amassent ensuite sur la corniche. La vidéo de sa pêche miraculeuse, partagée sur Facebook le 5 juillet, fait aussitôt le buzz. Outre la pollution visuelle, il s'inquiète de l'impact de ces trottinettes sur la qualité de l'eau, dans laquelle des milliers de Marseillais et de touristes se baignent. «Après une de mes plongées pour en récupérer, j'ai eu de grosses démangeaisons sur le corps», raconte-t-il. Les trottinettes sont équipées d'une pile au lithium qui, avec la corrosion engendrée par l'eau de mer, peut fuir.

AFP / G. Julien

Le jeune homme interpelle les opérateurs, qui lui répondent «qu'ils ne peuvent rien faire, que ça coûterait trop cher de les retirer». Aucun ne vient même récupérer les trottinettes renflouées, selon lui. Côté mairie, on assure avoir tout fait pour éviter ces désagréments: «On a été la première ville de France à faire signer une charte sur l'utilisation des trottinettes et une convention avec chacun des opérateurs. Dans la charte, il est bien inscrit que les opérateurs, propriétaires des trottinettes, s'engagent à 'organiser spontanément' l'évacuation des trottinettes, quel que soit le lieu dans lequel elles se trouvent», souligne Jean-Luc Ricca, adjoint au maire en charge de la circulation et du stationnement.