Un coq ensanglanté sur la façade du Parlement wallon

Un coq ensanglanté a été projeté jeudi soir sur la façade du Parlement wallon à Namur. Initiée par Amnesty International avec le soutien de sept organisations, cette action visait à dénoncer l'exportation d'armes wallonnes vers des pays qui violent gravement les droits de l'homme. Une projection a également été réalisée sur l'Elysette, le siège du gouvernement wallon
par
oriane.renette
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Les organisations partenaires d'Amnesty International étaient l'ASBL Coordination nationale d'action pour la Paix et la Démocratie, le Centre national de coopération au développement, Greenpeace, Handicap International, la Ligue des Droits humains, Médecins du Monde et Oxfam.

Outre un coq ensanglanté, les images projetées ont aussi mis en lumière le message «STOP! #WallonieImmorale». La date du 21 juin correspond par ailleurs au 7e anniversaire du décret wallon relatif à l'importation, l'exportation, le transit et le transfert d'armes civiles et de produits liés à la défense.

"Complices de crimes de guerre"

«Cette projection symbolise la nouvelle orientation que doit prendre le commerce des armes wallonnes, avec une procédure d'octroi des licences d'exportation plus transparente», ont expliqué les organisations. «Avec ce coq, qui est aussi l'animal qui annonce le lever du jour, nous demandons à la nouvelle majorité parlementaire et au futur gouvernement de Wallonie de ne plus se rendre complices de crimes de guerre au Yémen, en continuant de vendre des armes à des pays comme l'Arabie saoudite.»

Après avoir mis en garde les militants quant à l'interdiction de toute projection sur les bâtiments au début de l'opération vers 22h30, la police s'est résolue à voir les images défiler. L'action a finalement dû être arrêtée sur le coup de 01h00, car le bruit du projecteur gênait le voisinage.

Cet appel, relayé par une pétition, s'adressait aussi aux dirigeants fédéraux et européens.

"Manque de transparence"

Concrètement, les organisations demandent une révision du décret wallon pour rendre la commission d'avis moins opaque et permettre au Parlement de jouer son rôle de contrôle grâce à un meilleur accès à l'information.

«Les parlementaires ne disposent d'aucun outil opérant pour contrôler l'action du gouvernement, et plus particulièrement celle du ministre-président, qui est actuellement le seul et unique responsable de l'octroi ou du refus d'une licence», ont-elles précisé. «La périodicité des rapports détaillant les décisions d'octroi des licences d'exportation d'armes pose aussi problème.»

Au regard des résultats d'une enquête révélant en mai dernier l'utilisation d'armes wallonnes par l'Arabie saoudite au Yémen, le collectif requiert également la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire afin que toute la lumière soit faite sur la présence de ces armes sur le terrain yéménite.

Enfin, les organisations signataires ont annoncé qu'elles mettront prochainement en place un outil de référence sur la politique et les actions entreprises par la Wallonie en matière de commerce d'armes. L'objectif de ce dispositif est d'évaluer si les obligations internationales sont respectées ou non.

«Au Royaume-Uni, un tribunal vient de décider d'interdire la vente d'armes à l'Arabie saoudite, tout en précisant même qu'il fallait revoir les contrats en cours», a encore souligné Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d'Amnesty International. «Cela montre encore que la Wallonie ne serait pas la seule à prendre cette décision et il est grand temps.»