32 parapentistes dans une course folle à travers les Alpes

C'est une course hors du commun: tous les deux ans, les meilleurs parapentistes au monde s'élancent pour un parcours de plus de 1.100 km à travers les Alpes.
par
Camille
Temps de lecture 2 min.

L'Autriche, l'Allemagne, L'Italie, La Suisse, et la France: les 32 sélectionnés du Red Bull X Alps 2019 vont voir du pays. Du moins, ceux qui parviendront à boucler la course, ce qui n'a rien d'une évidence. "Chaque année, le parcours est difficile, et seuls quelques-uns parviennent à le boucler dans les délais", explique Thomas de Dorlodot. Le seul parapentiste belge engagé sur la course en est à sa septième participation. "Cette année, ça sera encore plus compliqué du fait de la météo : il reste beaucoup de neige en altitude, et les conditions de vent s'annoncent délicates." La course peut être suivie en direct en ligne.

Ph. Red Bull

Tout au long de la route, les conçurent devront passer via 13 points de passage obligatoires, qui forment un itinéraire de 1.138 km à travers les Alpes. Pour le reste, ils sont libres de choisir leur parcours. Chacun devra trouver les meilleurs points de départ, ceux qui donnent accès aux meilleures thermiques pour prendre de la hauteur et voler le plus loin possible. "Plus on vole, moins on marche et plus on va vite", résume Thomas De Dorlodot. Lors de bonnes journées, un pilote peut facilement couvrir plus de 150 km en volant. Les mauvais jours, lorsqu'il faut marcher, les distances couvertes sont bien moindres.

Voir Monaco

Toutes les 48h, la direction de la course éliminera le concurrent qui occupe la dernière place. Ainsi, alors que certains lutteront pour l'emporter, d'autres tenteront simplement de sauver leur peau. A l'avant de la course, le rythme devrait être soutenu, grâce aux longues journées de juin qui permettent de voler jusque tard le soir. A moins que… "Rien n'est jamais certain sur le Red Bull X Alps", affirment les organisateurs. Une météo tourmentée pourrait obliger les pilotes à se poser fréquemment au sol et devoir marcher. "Vu l'enneigement de certaines zones, il pourrait y avoir de sérieux ralentissements", anticipe Thomas De Dorlodot. "On ne peut pas exclure que personne n'arrive à Monaco dans les délais, fixés à 12jours." Et comme chaque année, il ne devrait y avoir que quelques privilégiés à voir Monaco: les organisateurs fermeront la ligne d'arrivée 24h après l'arrivée du vainqueur.

Ph. J. Stapels

Une équipe

Pendant que les pilotes seront en course, ils pourront compter sur une équipe au sol. Chaque pilote peut compter sur un soutien officiel, qui se charge de le guider, lui donner des conseils, l'avertir d'un changement de météo… Celui-ci est également en charge d'accueillir le pilote le soir, en préparant le camp pour une courte nuit.

 

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Comme l'année dernière, le repos sera obligatoire une fois le soleil couché. Lors des premières éditions, quelques pilotes se sont fait des frayeurs. Après des nuits passées à marcher, certains tombaient de sommeil en plein vol, avec des conséquences pour leur sécurité. Le très expérimenté pilote Suisse Christian Maurer ne cache d'ailleurs pas que la crainte que lui inspire l'épuisement. Interrogé sur ce qu'il redoute le plus, il a simplement répondu : "Ne pas dormir assez, et pousser mon corps un peu trop loin."

Un grand favori

Malgré ses craintes, avec cinq victoires à son actif lors des cinq dernières éditions, Christian Maurer sera incontestablement le favori de la course. Parapentiste hors pair, il a aussi l'avantage de bien connaitre le terrain. Lors des précédentes éditions, il avait pour habitude de faire de longs vols les après-midi, et de multiplier les petits vols en matinée, ce qui lui imposait de rester en altitude. Cette stratégie pourrait ne pas fonctionner cette année, du fait de la neige toujours présente en altitude. "Il faut connaitre chaque combe, chaque col… C'est comme cela qu'on élabore la stratégie la plus adaptée pour faire les meilleurs vols", anticipe Thomas De Dorlodot. Lui-même a passé pas mal de temps dans les Alpes au printemps afin de préparer la course, et s'entrainer sur des terrains enneigés. De quoi être au top pour cette course, et espérer rivaliser avec le roi Maurer.

"La mauvaise météo fait plutôt bien mon affaire"

Le Brabançon Thomas De Dorlodot est l'un des meilleurs parapentistes au monde. Il a volé aux quatre coins de la planète, dans toutes les conditions. Il s'estime "plus entrainé que jamais".

Pour cette septième participation, vous avez suivi un entrainement plus pointu que d'habitude…

Ph. J. Stapels

"Pour les précédentes éditions, je m'étais entrainé en partant en expédition ici ou là. Pour cette édition, j'ai été rigoureux. J'ai fait appel à un coach professionnel. J'ai beaucoup couru, travaillé l'endurance et la vitesse. Ce qui me rend optimiste, c'est que j'ai senti ma condition et mes performances s'améliorer au fur et à mesure. Il sera important d'être en forme pour aller trouver des sites de décollage et marcher quand c'est nécessaire."

Et au niveau du vol ?

"J'ai encore beaucoup volé, dans les Alpes, aux Canaries, où j'ai passé pas mal de temps sur mon bateau, le Search, qui me sert de camps de base, et en Colombie. Cela m'a donné l'occasion de m‘exercer dans différentes conditions, y compris assez ‘cassantes'. Cela ne me fait pas peur. Des conditions difficiles, qui secouent les pilotes, seront même à mon avantage. D'autres pilotes, en revanche, sont très bons pour voler vite. Eux cherchent des conditions de vol parfaites, qui peuvent leur permettre d'avaler les kilomètres."

En 2017, vous aviez frôlé l'élimination, après avoir survolé une zone interdite…

"C'était vraiment rageant, j'y étais entré de quelques mètres… Mais les règles sont claires: en cas de survol d'une zone interdite (en général près des aéroports ou de certains parcs naturels, ndlr), le fautif reçoit 48h de pénalité. J'avais dû lutter pour éviter de me retrouver en dernière position, qui aurait été synonyme d'élimination. Cette année, nous avons bien étudié les cartes avec mon équipe. Ça ne se reproduira pas!"