Le marché de la bière belge sauvé par... le foot

La consommation de bière en Belgique est restée stable l'an dernier par rapport à 2017, presqu'un exploit pour un secteur qui n'a connu qu'une baisse continue depuis 2011, à l'exception d'une année 2014 stable. Plus de 7 millions d'hectolitres (7.022.396) ont été consommés en 2018, tous styles de bière confondus. Ce «succès» est à mettre sur le compte de l'été particulièrement chaud et de la Coupe du monde de football en Russie.
par
oriane.renette
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Le début d'année 2019 est «moyen», selon Jean-Louis Van de Perre, président des Brasseurs belges, et il est peu probable que les statistiques s'envolent étant donné qu'aucun grand événement sportif n'est inscrit au calendrier.

Reflet d'une année positive (et chaude), la pils a été plus consommée l'an dernier qu'en 2017 alors que sa part de marché avait baissé ces dernières années (67% en 2017) au profit des bières spéciales. Celles-ci reculent légèrement.

La seule catégorie à afficher une réelle progression est celle des bières faiblement ou pas du tout alcoolisées (max. 3,5% vol. alc.). Les ventes de ce segment ont augmenté de 20% en un an, revendiquant désormais 5% de parts de marché. «Cette tendance qui s'observe ailleurs en Europe, va continuer», prédit Nathalie Poissonnier, directrice des Brasseurs belges. «Il est difficile de dire si ce type de bière cannibalise d'autres styles. Nous pensons qu'il attire de nouveaux consommateurs et participe en outre à une forme de responsabilité sociale», ajoute-t-elle.

Si le marché est stable dans l'ensemble, la consommation dans l'horeca continue à s'éroder, et ce malgré «les investissements à hauteur de 100 millions d'euros des brasseurs dans ce canal essentiel», selon M. Van de Perre.

«Le marché belge reste difficile et nous espérons ne pas devoir faire face à une hausse des accises prochainement», lancent les deux responsables à l'adresse du futur gouvernement.

Des exportations en hausse

Les exportations poursuivent leur progression (+ 2,2%) et absorbent désormais 70% de la production belge. Avec 16,2 millions d'hectolitres, la Belgique devance même l'Allemagne et les Pays-Bas. La situation est toutefois très contrastée entre l'Europe et le reste du monde. Sur le Vieux Continent, la hausse est de 5,5% entre 2017 et 2018, emmenée par la France et les Pays-Bas. Seul le Royaume-Uni a marqué le pas avec une baisse de 34%, attribuée aux craintes suscitées par l'imminence du Brexit. A contrario, l'Espagne a quasiment doublé ses importations de bières belges.

Hors Europe, la concurrence est rude et l'export a baissé de 3,8%. Le marché de la bière artisanale aux Etats-Unis est en plein boom depuis de nombreuses années et alors que jusqu'ici les brasseurs belges étaient parvenus à envoyer toujours plus de bières vers ce pays, en 2018, les ventes ont reculé de 12%, à 2,3 millions d'hectolitres. Les Etats-Unis demeurent tout de même la troisième destination de la bière belge et «on reste sur un total qui est plus élevé qu'en 2016», tempère Mme Poissonnier.

Plus de brasseurs

Le nombre de brasseurs en Belgique progresse encore, passant de 261 brasseries en 2017 à 304 l'an dernier.

Quant au projet de «temple» de la bière au sein de la Bourse, porté par la Région bruxelloise, la Ville, Beliris et la fédération des Brasseurs, tous les permis nécessaires ont été acceptés. La procédure d'élaboration des cahiers des charges et d'appels d'offre a été lancée. Les travaux devraient commencer l'an prochain pour une ouverture attendue en 2022 ou 2023, soit 10 ans après les débuts du projet. L'attraction doit attirer quelque 300.000 visiteurs annuels.