Quitter son confort pour vivre cinq jours comme un SDF : l'expérience boulversante des "retraites de rues"

À Paris, les "retraites de rues" proposent de quitter notre confort pour vivre durant cinq jours dans les mêmes conditions que les personnes sans domicile. Les équipes de France Inter sont parties à la rencontre de huit volontaires qui ont pris part à cette retraite unique. 
par
oriane.renette
Temps de lecture 2 min.

Ils abandonnent tout ce qu'ils ont avec eux : téléphone, porte-monnaie, sac à main... Pour ne recevoir qu'un grand sac qui contient un bonnet et un poncho en cas de pluie. Parfois, une couverture. Ils ne savent pas où ils dormiront cette nuit, ni ce qu'ils mangeront (et s'ils mangeront) ce soir.

Pendant cinq jours, une petite équipe de volontaires troquent leur vie habituelle pour vivre dans les mêmes conditions que les personnes sans-abri.

Le but de cette expérience : comprendre les réalités et les difficultés des plus démunis en se glissant dans leur peau, pour quelques jours seulement.

“Ça vous bouscule, beaucoup d'aprioris tombent", confie l'un des participants au micro de France Inter. "On se met, par le hasard des rencontres, à dialoguer, à être sensibles à des gens que... même avec la meilleure volonté, on ne le ferait peut-être pas".

Trois règles sont à respecter : aller le plus loin possible dans le dénuement, sans se déguiser ni mentir et rester groupés !

Des mondes parallèles

Après quatre jours "les traits sont tirés, mais l'atmosphère détendue", constatent les journalistes. Cette expérience semble avoir profondément marqué les participants.

Igor, venu d'Angleterre pour prendre part à la retraite, raconte que ce qui l'a le plus frappé, c'est de « marcher le ventre vide dans les rues de Paris, au milieu de tous ces gens installés en terrasse. Ça m'a vraiment bouleversé, je ne m'y attendais pas. J'ai vraiment pris conscience de ces mondes parallèles, qui ne se rencontrent jamais. »

Pour Monica, venue d'Allemagne, "le pire est de devoir se relever alors que l'on pense être arrivés. Ce genre de situation peut vous tuer à petit feu. Ou vous pousser à prendre n'importe quelle drogue", explique la jeune femme.

Emmanuel Ollivier de l'Armée du Salut et Michel Dubois de l'association L'un est l'autre , inspirés d'une initiative américaine, organisent ces retraites depuis quatre ans.