La Première ministre Theresa May démissionne de ses fonctions

La Première ministre britannique Theresa May démissionnera officiellement de ses fonctions ce vendredi 7 juin, sans avoir pu concrétiser le Brexit, trois ans après le référendum qui l'avait décidé par 51,9% des voix.
par
Clement
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Le mandat de Mme May, aux airs de chemin de croix tant elle a rencontré d'obstacles, de critiques voire de complots au sein de son propre parti, restera avec 1.059 jours, l'un des plus courts de l'histoire des Premiers ministres britanniques depuis la Deuxième Guerre mondiale. Elle est aussi la 4e dirigeante conservatrice à chuter sur l'Europe, après Margaret Thatcher, en 1990, John Major en 1997 et David Cameron en 2016. Son successeur au 10 Downing Street sera nommé par le parti conservateur d'ici le 20 juillet, avec pour grand favori l'ex ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, champion des Brexiters. D'ici là, Mme May assurera la transition.

Dès sa prise de fonction en juillet 2016, la dirigeante conservatrice a affiché sa détermination à concrétiser le Brexit. Bien qu'eurosceptique, elle n'avait pourtant pas fait campagne pour la sortie de son pays de l'Union européenne en amont du référendum. Début 2017, elle expose ses plans pour un Brexit dur, fixant plusieurs lignes rouges pour le Royaume-Uni, avant d'enclencher officiellement en mars de la même année le processus de sortie.

Désireuse d'asseoir son autorité avant d'entamer les négociations avec l'UE, Mme May a ensuite pris la décision de convoquer des élections législatives anticipées. Ces dernières se soldent, le 8 juin 2017, par un revers cinglant pour sa formation. Le Parti conservateur doit finalement s'associer avec le petit parti nord-irlandais ultra-conservateur DUP pour pouvoir gouverner. Cette alliance lui causera par la suite bien des soucis.

Un adoucissement et des démissions

Laborieuses, les négociations avec les Européens sur le divorce avancent à petit pas. En décembre 2017, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et Mme May annoncent être parvenus à un accord initial sur les trois dossiers prioritaires de la séparation : le règlement financier, les droits des citoyens expatriés et le sort de la frontière entre l'Irlande du Nord britannique et la République d'Irlande, pays membre de l'UE.

Ces «progrès suffisants» permettent d'ouvrir une deuxième phase de discussions, incluant cette fois la relation future entre Londres et l'UE. Le 6 juillet 2018, de sa résidence de campagne de Chequers (nord-ouest de Londres), Theresa May expose cette fois son plan pour une relation commerciale post-Brexit: maintenir les échanges industriels et agricoles en créant une «zone de libre-échange» avec les 27 et un «nouveau modèle douanier».

Cet adoucissement de la position britannique provoque la démission de deux poids lourds du gouvernement: le ministre du Brexit David Davis, remplacé par l'eurosceptique Dominic Raab, et Boris Johnson, auquel succède Jeremy Hunt. Le 13 novembre, Downing Street annonce que les négociateurs britanniques et européens sont finalement parvenus à conclure un projet d'accord technique, accompagné d'une période de transition. Le lendemain, un conseil des ministres britannique très divisé approuve l'accord mais quatre membres du gouvernement démissionnent, dont Dominic Raab.

L'accord conclu règle notamment la question de la facture que devra payer Londres à l'UE, évaluée entre 40 et 50 milliards d'euros, et prévoit la disposition très controversée du «filet de sécurité», ou «backstop» en anglais, qui prévoit en dernier recours un statut particulier pour l'Irlande du Nord pour éviter le retour d'une frontière physique avec l'Irlande voisine.

Soumis à trois reprises au vote à la Chambre des communes, l'accord de Mme May est chaque fois rejeté. Ces diverses tentatives de compromis n'y feront rien. Face à ces échecs répétés et au refus des Européens de rouvrir le texte à la négociation, la dirigeante conservatrice a finalement décidé de jeter l'éponge.