Une compagnie de croisières émet dix fois plus de soufre que le parc automobile européen

La flotte de Carnival Corporation, la plus grande compagnie de croisières de luxe au monde, a émis en 2017 dix fois plus d'émissions d'oxyde de soufre (SOX) le long du littoral européen que l'ensemble du parc automobile du Vieux Continent, soit 260 millions de voitures, selon une étude dévoilée mercredi par Transport and Environment.
par
Clement
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L'Espagne et l'Italie souffrent particulièrement de ces rejets alors qu'en Belgique, c'est le port de Zeebrugge qui en pâtit le plus, d'après cette organisation européenne regroupant une cinquantaine d'ONG.

Les oxydes de soufre sont dangereux pour les voies respiratoires et contribuent à l'acidification de l'environnement tant sur terre qu'en mer. Le bassin méditerranéen (Espagne, Italie et Grèce) est le plus exposé à ces émissions, suivi de la France et la Norvège. Les ports les plus touchés sont ceux de Barcelone, Palma de Majorque et Venise. «Ces destinations très touristiques disposent en outre de normes assez souples autour de la présence d'oxydes de soufre dans les carburants pour bateau», expliquent les auteurs de l'étude.

En Belgique, ce sont encore les voitures qui émettent le plus de soufre par rapport aux navires de croisière. En 2017, 86 navires de croisière ont ainsi rejeté 28 tonnes de SOX, pour près de 70 tonnes aux 5,7 millions de véhicules inscrits dans le Royaume. Seul Zeebrugge figure dans le classement des 50 ports les plus pollués au monde. Il y occupe la 27e place, avec 7 tonnes de rejets. A titre de comparaison, Barcelone, qui domine ce classement, doit digérer 32 tonnes de SOX.

Tolérance zéro

L'association environnementale flamande Bond Beter Leefmilieu (BBL), qui relaie l'information, estime que l'Europe doit tout mettre en œuvre pour imposer une tolérance zéro aux oxydes de soufre dans les ports. «La navigation de croisière est gigantesque et utilise les carburants les plus polluants», dénonce Laurien Spruyt, experte climat et mobilité du BBL. «Les villes prennent des mesures pour bannir les véhicules les plus polluants. Dans le même temps, les navires de croisière ne souffrent d'aucune contrainte et continuent à déverser des substances toxiques pour la santé de leurs passagers et des habitants des villes où ils accostent. Ce n'est plus tolérable», lance-t-elle.

Des solutions technologiques permettant de rendre les navires plus propres sont pourtant disponibles. «Il est possible de s'alimenter en électricité sur la terre ferme une fois à destination. Les batteries peuvent aussi constituer une solution pour les courtes distances alors que des systèmes à hydrogène parviennent déjà à propulser les plus grands navires de croisière», illustre BBL. «Mais le secteur n'est apparemment pas prêt à franchir le pas de manière spontanée. C'est pourquoi nous appelons les autorités à prendre leurs responsabilités et à imposer des normes d'émissions