Quels visages pour diriger l'Union européenne?

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se réunissent ce soir pour un sommet européen. Ils discuteront des résultats du scrutin de dimanche, ainsi que de la répartition à venir des postes clés de l'Union.
par
Camille
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Pour le moment, les principales fonctions européennes sont occupées par des membres du PPE, le parti de la droite européenne. La Commission est dirigée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le Conseil par le Polonais Donald Tusk, et le Parlement par l'Italien Antonio Tajani. Hasard du calendrier, le mandat du président de la Banque centrale européenne, l'Italien Mario Draghi, vient aussi à échéance le 1er novembre prochain, ce qui offre un nouveau poste à pourvoir pour faciliter les équilibrages politiques. Il faudra y ajouter les postes de haut représentant pour les affaires étrangères, et de premier vice-président de la Commission.

«Une règle non-écrite prévoyait jusqu'alors que les postes se répartissent selon un subtil dosage mêlant à la fois un équilibre politique des forces en présence et un équilibre géographique des États selon leur taille (grand/petit), leur histoire (ancien/nouveau) et leur positionnement (sud-nord, est-ouest)», rappelle Pascale Joannin, directrice de la Fondation Robert Schuman. Cela ne sera pas simple, puisqu'il faudra trois ou quatre partis pour composer la majorité. La poussée moins forte que prévue des partis d'extrême-droite devrait toutefois éviter de rendre l'exercice impossible.

Plusieurs candidats pour diriger la Commission

Le futur président de la Commission doit être proposé par les chefs d'États et validé par les eurodéputés. Sera-t-il issu des «Spitzenkandidaten», ces têtes de liste que chaque formation du Parlement a été invitée à présenter? S'ils choisissent parmi cette liste réduite, ils auront le choix entre le conservateur allemand Manfred Weber, le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans et la libérale danoise Margrethe Vestager. Manfred Weber ferait alors figure de favori, puisque sa famille politique est arrivée en tête du scrutin. Mais il est loin de séduire tout le monde, y compris au sein de son propre parti.

Une solution pourrait être de se tourner vers un «non-candidat». Le français Michel Barnier ferait alors figure de bon compromis: il est conservateur, sans être trop marqué à droite, il est doté d'une solide expérience, et a montré sa capacité à bâtir des compromis. Tout cela rendrait possible un accord avec les libéraux et les socio-démocrates. Certains verts estiment aussi qu'il «ferait un bon président».

L'élu devra être adoubé par la majorité des chefs d'État et de gouvernement membres du Conseil européen lors d'un sommet les 20-21 juin, et obtenir ensuite les voix de la majorité des députés européens (376) lors d'un vote prévu à la mi-juillet. Mais à n'en pas douter, les discussions autour du package «présidence de la Commission et autres postes» entreront dans le vif du sujet dès ce soir.