Élections 2019 : La Belgique divisée

Le Vlaams Belang en Flandre; Ecolo et le PTB en Wallonie et à Bruxelles. Les vainqueurs du scrutin de dimanche ont des visages bien différents au nord et au sud du pays.
par
ThomasW
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Les élections communales d'octobre se sont traduites du côté francophone par le retour des écologistes, 4 ans après leur débâcle électorale. Le PTB faisait également une poussée importante dans les communes où il se présentait. Six mois plus tard, la tendance s'est confirmée: à la Chambre, les écologistes francophones passent de 6 à 13 sièges et les communistes de 2 à... 12. Les partis traditionnels font grise mine. Le PS conserve sa première place en Wallonie et à Bruxelles mais les pertes sont considérables. Il en va de même pour le MR et le cdH qui franchit un nouveau palier dans son érosion puisqu'il n'est plus que le 5e parti francophone.

Aucun des trois ne semble avoir tiré parti de sa participation au pouvoir à l'un ou l'autre niveau, ni même de l'opposition farouche menée à l'un ou l'autre niveau. A l'inverse des écologistes et du PTB, dans l'opposition aussi bien au fédéral que dans les Régions. Dimanche, la communication des résultats a été lente en Wallonie et à Bruxelles. Les partis francophones se sont montrés prudents, et chacun s'est gardé de prononcer des exclusives à l'égard des uns et des autres, à l'exception du MR et du cdH à l'égard du PTB qui n'est de toute façon pas demandeur de monter dans un gouvernement.

Le président du PS, Elio Di Rupo, a annoncé que dès mercredi, il rencontrerait les différents partis politiques à Namur en vue des négociations dans les entités fédérées. La seule bipartite possible en Wallonie associerait le PS et le MR. Il est toutefois probable que les socialistes préféreront entamer une négociation avec les écologistes, gagnants du scrutin et avec lesquels les relations ont été sereines ces derniers mois... si ce n'est qu'il leur faudra un 3e partenaire et que le cdH est mal en point.

La Flandre essuie le choc du Vlaams Belang

La Flandre essuie quant à elle le choc du Vlaams Belang. En 2014, la N-VA avait siphonné le parti d'extrême-droite réduisant sa représentation à 3 sièges à la Chambre. Cinq ans plus tard, le VB revient avec 18 sièges. La N-VA perd pas moins de 8 sièges mais se maintient très largement en tête avec 25 sièges. A deux les formations "flamandes nationales" représentent 43 sièges dans le groupe linguistique flamand et aucune majorité n'y semble possible sans la N-VA.

Le président Bart De Wever ne s'y est pas trompé. Il a lancé un avertissement dès dimanche: il ne tolérera pas la constitution d'un gouvernement fédéral sans majorité en Flandre. Et à l'échelon de la Communauté flamande, la N-VA, pratiquement incontournable, dirigera les discussions. La question du maintien du cordon sanitaire autour du Vlaams Belang est sur toutes les lèvres. Jamais le VB n'a participé au pouvoir. M. De Wever n'a pas pris position. Il faut respecter la volonté de l'électeur, a-t-il fait remarquer. Il s'entretiendra avec tous les partis flamands et verra avec le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, comment il conçoit l'avenir de sa formation.

Le CD&V et l'Open Vld  ne rompront pas le cordon

Mais tant le CD&V que l'Open Vld ont déjà averti: ils ne rompront pas le cordon. La rupture de cette politique ne semble donc pas pour demain. A l'échelon fédéral, la situation pourrait rapidement confiner à l'imbroglio. La suédoise, sanctionnée par les électeurs, n'a pas de majorité même complétée par le cdH. La N-VA a répété qu'elle ne gouvernerait ni avec les Verts, ni avec le PS si ce n'est pour préparer le confédéralisme, ce dont les intéressés ne veulent pas. La crise pourrait durer longtemps. Si les blocages persistent, les seules possibilités de contourner la N-VA et le VB résideraient dans un arc-en-ciel (socialistes-écologistes-libéraux), sans majorité dans le groupe linguistique flamand, ou alors une formule quadripartite.

Une radicalisation qui pose des questions

En attendant, la radicalisation d'une partie de l'électorat pose de sérieuses questions. La Flandre semble suivre la voie d'une série de plus en plus longue de pays européens submergés par le populisme de droite. La Wallonie et Bruxelles font figure d'exception en penchant à gauche mais à la faveur, entre autres, du score du PTB, parti d'extrême-gauche, d'origine maoïste, qui ne s'est jusqu'à présent jamais frotté au pouvoir et n'entend pas dévier d'une ligne de rupture profonde.