Élections 2019 : À quoi ressemblera le prochain Parlement européen?

Le 26 mai prochain, on ne votera pas que les pour les élections nationales et régionales, mais aussi pour élire les députés européens.
par
Camille
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Quels élus belges?

Au total, 21 élus belges siègent au Parlement européen: huit pour la communauté française, 12 pour la communauté néerlandophone, un pour la communauté germanophone. Ils rejoindront un parlement qui devrait compter 751 élus, et passera à 705 une fois le Brexit effectué et les députés britanniques partis.

À quoi sert le Parlement européen?

Son principal rôle est de participer à l'élaboration des différentes législations, au côté des États membres. Le Parlement a ainsi largement contribué à l'adoption de la loi supprimant les frais de roaming, à celle sur la protection des données des utilisateurs, à la réduction des plastiques à usage unique… Il est aussi en charge de ratifier les accords de libre-échange.

Sa première tâche sera particulièrement visible, puisqu'il devra valider ou infirmer la nouvelle commission européenne, et notamment le nom de celui qui la dirigera, après avoir été proposé par les États membre. La nouvelle commission doit rendre ses fonctions le 1er novembre.

Quelle coalition pour le diriger?

C'est la grande inconnue. Traditionnellement, les conservateurs du PPE (cdH et CD&V en Belgique) et les socialistes (PS et sp.a), obtenaient suffisamment d'élus pour s'assurer une majorité, qu'ils ouvraient parfois aux libéraux (MR et Open VLD). Cette année, le paysage politique pourrait être plus morcelé, du fait de l'irruption des eurosceptiques. La formation d'une majorité pourrait s'avérer délicate, et rendre indispensable l'appui des libéraux ou des écologistes.

Quels seront les principaux thèmes de la législature?

Le premier gros dossier à traiter sera le Brexit. Si tout se passe bien, l'accord devrait prendre forme dans les semaines à venir, afin de permettre au Royaume-Uni de quitter l'UE d'ici le 31 octobre.

Une fois ce dossier mis de côté, les eurodéputés entreront dans le vif du sujet. La lutte contre le changement climatique devrait une nouvelle fois occuper une part importante des débats, avec pour objectif de rester dans les limites de l'accord de Paris, qui recommande de limiter le réchauffement à 1,5ºC.

La question de l'immigration devrait également longuement occuper les élus. Certains partis réclament une fermeture des frontières, quand d'autres plaident pour la mise en place de procédures légales pour s'installer dans l'UE, afin de lutter contre le trafic d'êtres humains

Enfin, plusieurs partis appellent également à revoir les règles budgétaires, afin de donner des marges de manœuvre plus importantes aux États confrontés à des difficultés sociales. Cette question se trouve renforcée par les difficultés économiques de certains État (Italie), ou par la contestation face à la baisse du pouvoir d'achat (France).

Les priorités des partis

Environnement, lutte contre le changement climatique, évasion fiscale, protection des travailleurs…: les priorités des partis pour le scrutin européen sont diverses et variées.

PTB

Le PTB pourrait bien obtenir son premier siège au Parlement européen, et ce au détriment du MR. «Envoyer un élu de la gauche qui pique pour lutter contre l'Europe du fric et priver la droite d'un élu: le vote PTB n'aura jamais autant été aussi utile», s'amuse Raoul Hedebouw, le porte-parole du parti. Au côté de la tête de liste Marc Botenga, Raoul Hedebouw insiste sur l'importance de mener certaines luttes au niveau européen. «Nous l'avons vu dans différentes luttes. Avec Ryanair, par exemple. Les travailleurs ont obtenu des victoires dès que la lutte a pu s'organiser au niveau européen.» Le PTB souhaite notamment lutter contre le dumping social et l'évasion fiscale des multinationales, et «préserver les droits sociaux des travailleurs».

 

Ecolo

Belga / N. Maeterlinck

Philippe Lamberts, l'unique eurodéputé d'Ecolo lors de la précédente législature, peut espérer emmener avec lui au moins un autre élu au terme du scrutin du 26 mai. Si les sondages confirment la bonne tenue d'Ecolo, la seconde sur la liste, Saskia Bricmont, devrait être élue. «Ne pas obtenir un deuxième siège serait une déception», confie Philippe Lamberts. «On peut même rêver d'un troisième en cas de très bon score.» Le siège reviendrait alors à Olivier De Schutter, un universitaire connu pour avoir été le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation. Sans surprise, le groupe des Verts continuera de plaider pour des normes plus exigeantes afin de préserver le climat. Philippe Lamberts voit dans la transition énergétique une solution pour relancer un projet européen qui a trop été mis au service «de la mondialisation néolibérale»

 

PS

Belga / N. Maeterlinck

Le PS part en campagne avec une tête de liste, Paul Magnette, qui ne siégera pas. Le premier suppléant, Marc Tarabella, devrait ainsi récupérer son siège. La numéro 2 effective, Marie Arena, devrait elle aussi être réélue. Si le PS obtient trois élus, comme en 2014, le troisième siège reviendra à l'ancien sénateur Hassan Bousetta. Ce scénario n'est toutefois pas acquis, alors que le PS voit sa position dominante décliner progressivement. Du côté des priorités, Marie Arena plaide pour une Europe plus à l'écoute des travailleurs et des précaires. Elle demande «que l'Europe permette aux États membres d'avoir des investissements sociaux». Une autre de ses priorités est la lutte contre l'évasion fiscale.

 

cdH

Tout l'enjeu pour les centristes sera de préserver leur unique siège au Parlement européen. Au vu des sondages, cela pourrait ne pas être le cas. Pour tenter de sauver ce siège, c'est l'ancien président du parti, Benoît Lutgen, qui s'est lancé dans la bataille. «Ma région, Bastogne, a été marquée par l'histoire, la Seconde Guerre mondiale, la bataille des Ardennes et tout ce qui a suivi, la reconstruction, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, la construction européenne qui a entraîné des décennies de paix. Et cela a forgé mon engagement politique, lié aux droits humains, à la tolérance, à la lutte contre le racisme», souligne le Bastognard. S'il est élu, il souhaite consacrer son expérience à la lutte contre le nationalisme, le populisme, et l'extrémisme, ainsi que «rapprocher les citoyens des enjeux européens, en allant les expliquer sur le terrain francophone».

 

MR

Belga / N. Maeterlinck

Sauf surprise, le MR ne pourra plus compter sur trois élus, comme lors de la législature précédente, mais plutôt sur deux. Le parti libéral devra, en outre, se passer des deux élus expérimentés qu'étaient Louis Michel et Gérard Deprez. Dans ce contexte délicat, la liste emmenée par Olivier Chastel et Frédérique Ries met l'accent sur le besoin de «répondre aux inquiétudes des citoyens». «C'est la question des frontières et de la sécurité, qui est la première des libertés, qui inquiète nos concitoyens», estime Frédéric Ries. Le programme européen du MR s'articule autour de «trois grandes priorités: une prospérité durable, une Europe qui protège et le respect des valeurs».

 

Les autres listes

Côté francophone, Défi tentera également de décrocher son premier siège au Parlement européen. Le parti amarante devrait toutefois avoir des difficultés à y parvenir, du fait de sa plus faible implantation en Wallonie, où l'on retrouve une part importante du collège électoral francophone. La liste PP emmenée par Mischael Modrikamen semble, elle, ne pas être en mesure d'obtenir de siège, alors que les sondages la placent à moins de 5%.

En Flandre, la N-VA devrait pouvoir compter à nouveau sur quatre élus, comme dans le parlement sortant. Derrière, le CD&V, l'Open VLD, le sp.a, Groen et le Vlaams Belang devraient se partager les sièges restants.