Zimbabwe: exhumation d'une victime de massacres de l'ère Mugabe

par
Belga
Temps de lecture 2 min.

La dépouille d'une des milliers de victimes des massacres commis par le régime de l'ex-président zimbabwéen Robert Mugabe dans les années 1980 a été exhumée, premier pas vers la réconciliation promise par son successeur, Emmerson Mnangagwa. Le corps de Thembi Ngwenya, âgée de 23 ans lorsqu'elle a été abattue avec son mari par l'armée en 1983, a été exhumé dimanche près de Tsholotsho (sud), a annoncé mardi Sello Nare, à la tête de Commission nationale paix et réconciliation.

"La défunte avait été enterrée peu profondément dans un endroit caillouteux", a précisé à l'AFP le magistrat à la retraite, "un de ses deux tibias dépassait du sol".

M. Nare a ajouté que la dépouille de Thembi Ngwenya serait réenterrée à une date qui n'a pas été précisée après une cérémonie en bonne et due forme.

Peu après son arrivée au pouvoir en 1980, M. Mugabe avait ordonné une violente répression contre les dirigeants et partisans d'un parti qui avait combattu à ses côtés pour évincer le régime de la minorité blanche à la tête du pays.

Entre 1983 et 1984, environ 20.000 civils dont Mme Ngwenya et son époux, alors considérés comme des dissidents, ont été tués dans la région du Matabeleland (sud-ouest), selon les chiffres avancés par les historiens.

Cette répression avait été baptisée "Gukurahundi", littéralement "séparer le bon grain de l'ivraie" en langue shona.

"Ces réenterrements font de mon point de vue oeuvre de réparation", a estimé le juge Nare. "Cette reconnaissance par les familles et par le peuple est indispensable à la guérison de la nation", a-t-il ajouté, "cela doit permettre de tourner la page de ce qui s'est passé à cette époque".

Alors ministre de la Sécurité de M. Mugabe, l'actuel président Mnangagwa est accusé d'avoir été l'un des principaux artisans de cette répression meurtrière.

En 2018, il avait qualifié ces événements de "tache" dans l'histoire du pays. Mais il avait exclu toute excuse.

Contraint à la démission par un coup de force de l'armée et de son parti fin 2017, Robert Mugabe, âgé aujourd'hui de 94 ans, a toujours refusé de reconnaître sa responsabilité dans les massacres, évoquant un simple "moment de folie".

Le gouvernement d'Emmerson Mnangagwa a annoncé plus tôt ce mois-ci qu'il allait délivrer les documents nécessaires à l'exhumation et à l'enterrement en bonne et due forme des victimes de ces massacres.

La commission dirigée par le juge Nare doit procéder cette année à des auditions sur ces événements afin, a-t-il dit, de "promouvoir une réconciliation nationale".

source: Belga