Elections 2019: « Le nombre de voyageurs en train va fortement augmenter au cours des années à venir » selon François Bellot

La mobilité sera l'un des enjeux majeurs des élections du 26 mai. François Bellot, ministre de la Mobilité et tête de liste MR aux régionales à Dinant, espère que le prochain gouvernement poursuivra la politique qu'il a menée au cours de cette législature.
par
Laura
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Le transport ferroviaire est un élément important de la politique de mobilité. Comment jugez-vous l'évolution de la SNCB depuis votre arrivée comme ministre de la Mobilité ?

« Je suis arrivé avec deux priorités : augmenter le nombre de passagers, et moderniser Infrabel et la SNCB afin de les préparer pour l'avenir. J'ai commencé par faire un état des lieux, et la SNCB est partie à la rencontre des provinces et communes afin de mieux connaitre leurs attentes. En 2016, nous avons ajouté 72 trains. En 2017, nous avons augmenté l'offre de 5,1%, soit environ 200 nouveau trains. Cette politique porte ses fruits : le nombre de passagers a augmenté de 3,4% en 2016, et de 3,6% en 2017. Cette tendance a encore accéléré au début de l'année, avec une hausse de 4,6% en janvier. En nombre de passagers, on est passé de 227 millions au lancement du plan en 2016 à 245 millions aujourd'hui. Cela montre que nous avons déployé la nouvelle offre là où il y avait de la demande.»

L'offre ferroviaire est encore appelée à croitre ?

« J'ai toujours été convaincu des atouts du train. Et aujourd'hui, les conditions sont réunies pour qu'elle continue de progresser. En 2018, pour la première fois, on a enregistré une baisse du nombre de kilomètres parcourus en voiture, de 1%. Il y a une véritable prise de conscience du besoin d'une nouvelle mobilité, on le voit avec les marches climatiques qui se sont déroulées dans le pays. Au cours des dernières années, nous avons réalisé de nombreux investissements pour préparer ce futur. »

Lesquels ?

« Quand je suis devenu ministre, je ne voulais plus d'investissements dans des gares de prestige, mais dans ce qui fait une différence pour le voyageur. La SNCB va recevoir au début de l'année prochaine du nouveau matériel roulant, les voitures M7. Elles vont augmenter la capacité de 20.000 places. On a upgradé certaines lignes. Sur celle qui relie Bruxelles à Luxembourg, la vitesse maximale sera portée de 130 à 160 km/h. Les travaux ont commencé. Cela va mettre les deux villes à 2h05, contre 3h05 auparavant. On a construit des parkings aux abords des gares, avec 10.000 places pour des voitures, et 50.000 pour des vélos. J'ai également obtenu un accord de coopération entre les différents parlements qui garantit qu'il n'y aura aucune fermeture de lignes, et notamment de petites lignes, au cours des 12 prochaines années… »

Le RER, en revanche, se fait toujours attendre…

« Et pourtant, il avance. Depuis 2009, les gouvernements savaient qu'il y aurait des problèmes de financement. Il a fallu reprendre cela en main. J'ai commencé par dégager 1 milliard € ‘vertueux', dans le sens où il finance des investissements qui dopent la fréquentation, et donc les recettes, et par extension, les capacités à investir. La suite du financement est assurée. Le réseau sera achevé en 2031, mais des trains y circuleront dès 2024, permettant déjà d'offrir des capacités supplémentaires. »

L'un des points noirs pointés du doigt par les usagers reste la ponctualité. Que faire pour y remédier?

« Après mon arrivée comme ministre de la Mobilité, j'ai demandé la nomination de managers de lignes afin de faire avancer les choses. Il y a eu une amélioration de la situation, puis, en 2018, de nouvelles difficultés. Elles sont, en partie, le fait de la SNCB et d'Infrabel. Je compte sur les efforts de modernisation du matériel pour régler les problèmes de panne. On exploite parfois du vieux matériel, qui pose des problèmes de fiabilité. Les rames Desiro, les plus neuves, affichent seulement 18 pannes par million de km, contre 48 pour le reste du matériel roulant. L''entretien prédictif' développé par la SNCB va également aider à éviter les problèmes. Enfin, 30 à 50% des retards sont le fait de facteurs externes, comme les vols de câbles et accidents de personne. Nous cherchons également des solutions de ce côté-là. Infrabel multiplie les campagnes pour éviter que des individus ne traversent les rails, ce qui provoque encore des accidents. Je suis tout de même content que depuis le début de l'année, nous soyons revenus à des résultats plus satisfaisants. »

L'opposition, de son côté, accuse le gouvernement d'avoir réduit les moyens alloués au rail…

« C'est faux. Tous les investissements que j'évoque ont été rendus possibles par les moyens que nous avons dégagés. Au contraire, quand je suis arrivé aux commandes, rien n'était garanti pour les années à venir. Je constate aussi que la SNCB et Infrabel ne sont pas demandeurs de plus de moyens. Cela voudrait dire mener plus de travaux de manière simultanée, ce qui pénaliserait les voyageurs.»

Vous aviez fait de la « modernisation de la SNCB » l'une de vos priorités. En êtes-vous satisfait ?

« La SNCB évolue bien. Je tiens d'ailleurs à remercier les cheminots, qui sont des gens qui aiment particulièrement leur travail. Il était essentiel d'augmenter la productivité pour préparation la libéralisation du rail à partir de 2023. Je ne dis pas que l'on verra des trains d'autres compagnies circuler sur le réseau belge, mais la Commission européenne nous a prévenus que le service devait être amélioré si on ne voulait pas devoir ouvrir le marché à d'autres opérateurs. Je me réjouis de constater que la société est devenue plus souple, qu'elle met spontanément des trains supplémentaires à disposition de la Côte lors des weekends de beau temps, lors des évènements culturels… Il faut poursuivre dans ce sens. »

Qu'espérez-vous du prochain ministre de la Mobilité ?

« Qu'il poursuive la politique menée ces dernières années. Il faut étudier les demandes, établir des priorités, et y répondre. Le principe des road show à la rencontre des provinces et communes pour connaitre leurs attentes permet d'adapter l'offre à la demande. En continuant de la sorte et avec une bonne communication, je suis convaincu que le nombre de voyageurs en train va fortement augmenter au cours des années à venir. »

Camille Goret

 

« Les différents opérateurs doivent travailler ensemble »

Pour les spécialistes de la mobilité, le réseau ferroviaire a vocation à devenir l'épine dorsale du réseau de transport du pays, notamment avec un RER qui dessert les zones les plus densément peuplées. Pour que le nouveau réseau soit un succès, il faudra une coordination efficace des transports publics régionaux et des infrastructures de mobilité douce, estime François Bellot. « Les bus doivent permettre aux voyageurs de converger vers les gares », estime le ministre de la Mobilité. « Je ne me réjouis donc pas de la fermeture de lignes de bus dans certaines zones», souligne-t-il. « Quand les différents acteurs travaillent main dans la main, ça fonctionne. On l'a vu à Liège avec le citypass. » Cet abonnement combiné Tec et SNCB, lancé en juin dernier, permet aux usagers de se déplacer dans l'agglomération avec un seul titre de transport (50 € par mois en plein tarif). A Charleroi, l'offre ne rencontre pas le même succès, la faute à un manque de coordination estime le ministre. here