Laqué ou pimenté, le cafard s'invite dans les assiettes en Chine

C'est une scène digne d'un film d'horreur: dans un élevage du sud-ouest de la Chine, 10 millions de cafards bruns grouillent dans l'obscurité. Elevés notamment pour leur chair, ils finiront dans les assiettes de (fins) connaisseurs.
par
ThomasW
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Li Bingcai, agriculteur de la province du Sichuan, bichonne ses créatures à six pattes. Nourries quotidiennement, elles logent verticalement sur des plaques en bois, d'où elles émettent en choeur un son strident. Dans cet espace cauchemardesque, M. Li se retrouve vite recouvert d'insectes jusque sur les joues.

Mais pas de quoi refroidir ses ardeurs, ni celles d'une kyrielle d'autres éleveurs qui ont décidé de se lancer dans cette activité de niche. Ils vendent leurs cafards à l'industrie pharmaceutique traditionnelle, pour l'élaboration de médicaments. Mais Li Bingcai les élève aussi pour le palais: à côté de sa ferme, plusieurs restaurants les servent sautés au piment, spécialité sichuanaise, à de courageux gastronomes. Le cafard laqué est pour demain.

"Les gens ont du mal à imaginer à quel point c'est bon"

"Les gens ont du mal à imaginer à quel point c'est bon. Jusqu'à ce qu'ils essaient", explique l'éleveur avant de placer un insecte vivant dans sa bouche, de le mastiquer, puis de l'avaler. Connue sous le nom de blatte américaine (Periplaneta americana), cette variété de cafard est l'une des plus répandues. Elle est consommée pour ses vertus supposées contre les ulcères, les affections des voies respiratoires ou comme simple tonifiant.

Ph. ELIZABETH LAW

Des nombreuses vertus supposées

"Ces bêtes ont un système immunitaire très développé. Les humains peuvent en tirer des bénéfices s'ils les consomment", assure Li Bingcai. Li Bingcai rêve de convaincre ses contemporains de manger des blattes. Pour cela, il collabore avec un restaurant local. Des habitants de la région viennent régulièrement y goûter les insectes, attirés par la publicité positive autour de leurs bénéfices supposés, explique le patron de l'établissement, Fu Youqiang.

Il cuisine jusqu'à 30 plats de cafards par mois. Li Bingcai entend également créer une gamme de produits, avec des pommades à l'extrait de cafard, des patchs médicaux ou des semelles à base de poudre de blatte - qui apportent selon lui un confort inégalé. "Il y a tellement de bonnes choses dans cet insecte. Il faut que les gens le sachent!", explique-t-il. "Beaucoup pensent que c'est un insecte nuisible mais pour moi, c'est comme de l'or. Ils sont comme mes enfants."

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