L'eau en bouteille obligatoire dans les restaurants agace les Belges

Le groupe «Free tap water in belgian restaurants» compte plus de 7.000 fans sur Facebook. Il met à disposition une carte reprenant l'ensemble des restaurants proposant de l'eau du robinet sur leurs tables.
par
ThomasW
Temps de lecture 3 min.

«À l'heure où l'on prend conscience des méfaits du plastique à usage unique, il est inconcevable de ne pas pouvoir choisir de boire de l'eau du robinet», déplore Sarah Ehrlich. Lasse de devoir acheter de l'eau en bouteille dans les restaurants, elle a lancé cette campagne. «Je n'ai rien contre l'eau en bouteille et les gens qui en consomment. Mais chacun doit avoir le choix de pouvoir s'en passer.»

Dans la plupart des pays européens, l'eau du robinet, en carafe, est disponible gratuitement dans les établissements horeca. En Belgique, plus d'un restaurateur affirme encore sans douter que «l'eau du robinet n'est pas bonne», et que mieux vaut se tourner vers une eau en bouteille, qui sera facturée 3 ou 4€. «C'est n'importe quoi», tranche Sarah Ehrlich. «Ils n'ont aucun problème à utiliser cette eau pour préparer une soupe ou du café». Bernard Van Nuffel, président de Vivaqua, rappelait récemment dans le Vif que l'eau du robinet est tout à fait propre à la consommation. «Elle est saine et de grande qualité.» Et cette eau ne nécessite aucun camion, ni magasin pour être distribuée. «Elle est l'alliée de la lutte contre le changement climatique», ajoute Bernard Van Nuffel.

Des pressions sur l'Horeca

La page Facebook «Free tap water in belgian restaurants» met à disposition une carte répertoriant tous les restaurants offrant l'eau du robinet à leurs clients. Elle en compte déjà 200. La campagne a reçu le soutien du fondateur d'Exki. «Nous l'avons eu au téléphone pour évoquer le problème avec lui. Le lendemain, il donnait la consigne à ses restaurants de donner de l'eau du robinet aux clients en faisant la demande. La chaîne Pulp a fait la même chose.»

Et du côté des particuliers, que faire? «Il ne faut pas hésiter à demander aux restaurateurs à se faire servir de l'eau du robinet», note Sarah Ehrlich. «Beaucoup sont prêts à faire un geste.» D'ici peu, les restaurants pourront afficher un logo «eau gratuite» sur leur vitrine.

Du côté de l'Horeca, on apprécie peu l'initiative. «La vente de l'eau en bouteille est une source de revenu pour les établissements. Il faut avoir en tête qu'on ne fait pas payer le couvert, comme en Italie, et qu'on offre le pain et le beurre», souligne Philippe Trine, président de la section restauration de la fédération Horeca Bruxelles. «Et servir de l'eau du robinet a un coût pour les restaurants, entre la facture d'eau, les verres mis à disposition, et leur lavage au lave-vaisselle, qui consomme de l'énergie.» Du côté de la durabilité, il assure que la plupart des restaurants proposent des eaux en bouteille «locales», et non des marques importées de l'étranger. «Cela limite le bilan carbone des bouteilles d'eau que nous vendons», conclut-il.

Camille Goret