Le Venezuela vit un troisième jour sans électricité

Privés de lumière, d'eau et de moyens de communications, les Vénézuéliens vivent dimanche leur troisième jour d'une panne d'électricité générale qui alimente l'angoisse et la colère liée à la profonde crise politique et économique.
par
Clement
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La panne a déjà tué au moins 15 malades dans les hôpitaux mais en l'absence de bilan officiel et de moyens de communications, il est impossible de savoir ce qui se passe exactement, notamment en province alors que Caracas reste majoritairement privée de courant. Dimanche matin, la compagnie publique d'électricité Corporelle a affirmé que la capitale est désormais desservie à 40%. Ce qui laisse 60% dans le noir.

AFP / M. Delacroix

La ville est calme cependant, hormis quelques pillages de supermarchés constatés à Caracas par l'AFP, dont un dans le quartier résidentiel de la Florida. La centrale hydroélectrique de Gurri, dans l'Etat de Bolivar (sud), responsable de la panne, dessert environ les trois-quarts du pays. Le gouvernement affirme qu'elle a été délibérément visée par une attaque informatique, qui s'est répétée samedi selon lui.

Le pays à l'arrêt

Depuis jeudi 16h50 (21H50 en Belgique), cette panne, inédite par son ampleur et sa durée dans ce pays de 30 millions d'habitants, qui dispose des premières réserves mondiales de pétrole, met le Venezuela à l'arrêt. Magasins, écoles, bureaux et commerces sont fermés, les transports paralysés. Des centaines de passagers sont bloqués à l'aéroport international de Maiquetia, leurs vols annulés.

AFP / C. Hernandez

Cette nouvelle crise fournit un nouveau terrain de lutte entre les deux présidents qui se disputent le pouvoir: le président socialiste Nicolas Maduro et le chef de l'opposition Juan Guaido, autoproclamé en janvier président intérimaire et reconnu par une cinquantaine de pays. Tous deux ont organisé samedi des rassemblements rivaux à Caracas. M. Guaido a appelé à une marche nationale sur la capitale pour pousser vers la sortie M. Maduro et répété sa disposition à autoriser une intervention militaire étrangère.

M. Maduro, qui effectuait sa première apparition publique depuis le début de la panne, a dénoncé une nouvelle «attaque cybernétique» dans la «guerre électrique» menée selon lui par les Etats-Unis. Le gouvernement a affirmé qu'il fournirait à l'ONU «des preuves» d'une responsabilité de Washington dans cette panne.

Une délégation du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme est attendue dans quelques jours.

AFP / C. Hernandez