Attentat au Musée juif de Belgique : Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer sont co-auteurs de l'attentat

La cour d'assises de Bruxelles a déclaré jeudi soir Mehdi Nemmouche coupable d'être l'auteur d'un quadruple assassinat à caractère terroriste au Musée juif de Belgique. Nacer Bendrer, pour lui avoir fourni les armes utilisées lors de la tuerie du 24 mai 2014, a été reconnu comme co-auteur des faits.
par
Maite
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Après deux jours et demi de délibération, le jury de la cour d'assises est parvenu à un verdict.

Selon l'arrêt lu par la présidente Laurence Massart, Mehdi Nemmouche est bien l'homme qui a abattu froidement le couple Riva, Alexandre Strens et Dominique Sabrier.

Pour justifier cette décision, les jurés ont retenu que les armes en sa possession lors de son arrestation à Marseille six jours après les faits étaient bien celles qui avaient été utilisées au musée, et que son ADN avait été relevé sur l'une et ses empreintes digitales sur l'autre.

La thèse du piège balayée

Parmi les éléments saisis sur Mehdi Nemmouche figuraient également la veste du tueur, les chaussures qui avaient laissé une empreinte sur les sacs poubelle de l'appartement qu'il louait à Molenbeek ou encore un ordinateur comportant des vidéos de revendication considérées comme étant de son fait.

Il ressort de la motivation de l'arrêt que les jurés n'ont pas été le moins du monde été déstabilisés par les arguments de la défense du principal accusé. La thèse d'un piège orchestré par les services iraniens et libanais a été balayée, tout comme les accusations de «trucage» des images de vidéo-surveillance et d'empreinte ADN sur la porte du musée.

«Des moyens et des explications fournies par la défense de Mehdi Nemmouche», le fait que ce dernier ait été piégé «n'est pas avancé avec suffisamment de vraisemblance et de crédibilité», a tranché la cour, qui a estimé que le caractère terroriste des faits, soit leur nature à déstabiliser un pays et à intimider une population, ne faisait aucun doute.

L'aide 'indispensable' de Nacer Bendrer

Si la culpabilité du principal accusé ne laissait place qu'à peu de spéculation au vu des éléments accablants du dossier, le sort réservé par le jury à Nacer Bendrer apparaissait comme beaucoup moins évident. D'autant moins après le pas de recul de l'accusation, qui avait requis la complicité du Marseillais alors qu'il était renvoyé comme co-auteur.

Mais la cour a été au-delà de cette réquisition. Pour elle, en fournissant des armes à Mehdi Nemmouche, Nacer Bendrer a apporté une aide «indispensable» à la commission des faits. Un verdict lâché à la vitesse de l'éclair par la présidente, et qui a laissé ses avocats stupéfaits. Ceux-ci avaient plaidé que rien ne permettait de relier matériellement leur client à la tuerie.

Les jurés n'ont pas été de cet avis. Pour eux, la téléphonie «hermétique» des accusés, le voyage de Nacer Bendrer à Bruxelles début avril 2014 puis de Mehdi Nemmouche à Marseille deux semaines plus tard, et surtout le caractère soudain et intensif de leurs contacts, alors qu'ils ne s'étaient plus vus depuis près de quatre ans, avait pour seul but la livraison d'une kalachnikov et d'un revolver.

En outre, le Marseillais ne pouvait pas ignorer le radicalisme de celui qu'il avait connu à la prison de Salon-de-Provence en 2009 et 2010, puisque Mehdi Nemmouche y était un pion important d'un «pôle prosélyte» décrit par le directeur de l'établissement.

«Suffisamment d'éléments lui permettaient de déduire la nature et l'objet des infractions» que son ancien co-détenu s'apprêtait à commettre, a estimé la cour, qui a considéré l'aide apportée comme «indispensable», Mehdi Nemmouche n'ayant pas d'autre alternative pour se procurer des armes.

Dans le box, au fil de la lecture de l'arrêt, Nacer Bendrer s'est progressivement décomposé. Il a d'abord baissé le regard, avant de se prendre la tête entre les mains pour finir par littéralement s'effondrer, réalisant vraisemblablement la très lourde peine à laquelle il s'expose désormais.

Prochaine étape : la peine

A la sortie, Me Courtoy, conseil du principal accusé, a reconnu la «souveraineté du jury», malgré des «désaccords fondamentaux» sur certains éléments du verdict.

A contrario, les parties civiles se sont montrées très satisfaites et ont salué la qualité, à leurs yeux, de la motivation de l'arrêt. Une décision «qui va entrer dans l'Histoire» pour Me Lurquin, un jugement qui constitue «la réponse de la démocratie au terrorisme» pour Me Hirsch ou encore un signal ayant valeur «d'exemple» pour Me Koning.

Les avocats de Nacer Bendrer ont eux pris soin d'éviter la presse massée à la sortie du palais de justice. Si Mehdi Nemmouche n'a quasiment aucune chance d'éviter la réclusion criminelle à perpétuité, Mes Blot et Vanderbeck doivent eux espérer, qu'en dépit du verdict de ce jeudi, la cour se montrera plus clémente avec celui qui a fourni les armes qu'avec celui qui les a utilisées pour abattre quatre personnes. La réponse à cette question devrait tomber lundi, à l'issue de nouvelles plaidoiries.