La danse des canards sur l'eau, dans les airs et sur terre

Sur les grands étangs wallons, il est possible d'observer cette danse sur l'eau, dans les airs et sur terre. Les canards de surface, tels que le canard colvert, le canard chipeau, la sarcelle d'hiver, le canard souchet ou le canard siffleur offrent par exemple un très beau spectacle.

Dans l'eau, la parade est spécialement pétillante. Souvent, le mâle projette d'abord de l'eau à droite et à gauche. Puis, il plonge son bec sous l'eau et le ramène vers sa poitrine. Aussitôt, il se redresse et crache un jet dans les airs. Il peut également renverser sa tête presque à 180° et suivre ce mouvement d'un petit sifflement ou ricanement. Ou encore dresser le cou et la tête en ouvrant le bec pour présenter l'intérieur très coloré (chez certaines espèces) à la femelle.

Bien souvent, le mâle remonte sa queue en arrière pour montrer ses belles plumes pointues tout en gonflant à bloc sa poitrine. Pendant ce temps, la femelle n'est pas en reste. Parmi le groupe de mâles paradant à qui mieux mieux, elle se faufile le cou tendu, la tête au niveau de la surface de l'eau. Quand approche un mâle étranger, elle effectue souvent une parade incitatrice, nageant derrière son mâle préféré, tout en produisant une rapide série de « couacs », effleurant de son bec l'arrière et le bas de ses côtés.

Relations platoniques chez les canards aussi

Le courtisan poursuit alors sa proie, secouant la tête d'avant en arrière, et soulève ses ailes comme s'il prenait son envol. Puis il replonge la tête sous l'eau pour en soulever une bonne ration. Nageant autour de la femelle prisée, il lui tend le cou en un geste d'invitation puis continue sa parade en simulant un toilettage. Il montre l'arrière de la tête pour prouver qu'il est en bonne santé. La cane observe attentivement cette parade mais peut à tout moment s'en désintéresser complètement et partir vaquer à d'autres occupations.

Mais notre soupirant ne baisse pas les bras. Il recommence de plus belle jusqu'à ce que sa promise l'accepte entre tous les prétendants. La cour se termine avec succès lorsque la femelle tourne autour du mâle, inclinant la tête de droite à gauche et de bas en haut pour l'inviter à la suivre. L'approbation de la parade ne se termine pas systématiquement par un accouplement et le couple peut d'abord connaître une période platonique nécessaire au renforcement des liens.

Ballet aérien et poursuite terrestre

Les parades peuvent également être observées en vol. Les mâles possèdent pour ce faire un vaste registre d'acrobaties. Lors de l'envol, le prétendant claque bruyamment ses ailes sur l'eau puis réalise des petits virages de gauche à droite. Il agite la tête de haut en bas en poussant des cris assez plaintifs tout en suivant la femelle. Lors de l'atterrissage, il se place au plus près de la femelle quitte à bousculer l'un ou l'autre prétendant. Cela peut engendrer de grosses bagarres qui, chez le colvert, entraînent parfois la mort d'un individu.  Les poursuites se déroulent également sur la terre ferme. Elles ne durent alors jamais longtemps, la femelle assaillie s'échappant au plus vite. Elle pourrait en effet être mise à mal par les mâles très excités.

Le spectateur peut donc découvrir un vaste panel d'attitudes parfois impressionnantes, souvent tendres ou cocasses. Le meilleur moment pour observer ce phénomène est évidemment le printemps, de mars à mai suivant les espèces. Mais les prémices à la parade sont visibles dès fin novembre, période à laquelle il n'est pas rare de voir des couples déjà formés. Afin de profiter au mieux du spectacle, les grands étangs calmes sont à rechercher. Virelles, Harchies ou Hollogne-sur-Geer font ainsi partie des lieux privilégiés pour les canards et… leurs observateurs.

Le rendez-vous des ornithos : www.natagora.be/pole-aves

Xavier Lehane