Le premier robot privé en route vers la lune

Une fusée SpaceX décollera ce jeudi soir de Cap Canaveral aux Etats-Unis avec à son bord le robot israélien Bereshit (Genèse, en hébreu), qui tentera d'être le premier engin privé à atterrir sur la Lune, et le premier à y porter les couleurs d'Israël.
par
Pierre
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Le décollage de la fusée Falcon 9 est prévu à 20h45 (2h45 HB vendredi) depuis le pas de tir mythique de Floride. La sonde israélienne sera placée en orbite terrestre, puis commencera un voyage de sept semaines, grâce à son propre moteur, pour rejoindre la Lune et alunir le 11 avril dans une grande plaine.

"Pour l'avenir de nos enfants et de l'Etat d'Israël, et parce que nous croyons que tout est possible, souhaitez bonne chance avec nous à Bereshit qui part vers la Lune", ont déclaré jeudi les employés de SpaceIL, la société ayant conçu le robot, dans un message collectif.

Ce sont des entrepreneurs, et non des agences spatiales, qui ont financé la mission, initialement dans le cadre du concours Google Lunar XPRIZE, qui voulait récompenser de 30 millions $ le premier appareil privé à alunir avant 2018. Personne n'y était parvenu à temps, mais l'équipe de SpaceIL a poursuivi la mission et acheté une place à bord d'une fusée SpaceX.

"Nous entrons dans l'histoire"

"Nous entrons dans l'histoire et sommes fiers d'appartenir à un groupe qui a rêvé et a accompli la vision partagée par de nombreux pays dans le monde mais que, jusqu'à présent, trois d'entre eux seulement ont accomplie", a déclaré lundi le président de SpaceIL, l'homme d'affaires Morris Kahn, principal financeur du projet, qui a aussi eu comme partenaires Israel Aerospace Industries, grande entreprise de défense israélienne, l'agence spatiale israélienne et le ministère israélien de la Science et de la Technologie.

Seuls les Américains, les Russes et les Chinois ont jusqu'à présent posé des engins sur la Lune, à 384.000 km de la Terre (seuls les Américains ont marché sur la Lune, de 1969 à 1972).

L'alunissage en soi est la mission principale, même si un instrument scientifique est emporté à bord pour mesurer le champ magnétique lunaire.

La mission est loin d'être banale d'un point de vue technologique. Le moteur britannique de Bereshit, qui équipe normalement des satellites, devra réaliser plusieurs séries d'allumages pour insérer l'appareil sur la trajectoire correcte. Le train d'atterrissage devra amortir la descente sur la surface lunaire pour éviter que Bereshit ne s'y écrase.

L'Inde veut suivre

Le regain d'intérêt pour la Lune, parfois appelée "huitième continent" de la Terre, est mondial, l'année 2019 étant particulièrement chargée.

La Chine, qui avait déposé son robot "Lapin de jade" en 2013, a envoyé en janvier sur sa face cachée son alunisseur Chang'e-4, et elle prévoit d'autres missions.

L'Inde espère devenir au printemps le cinquième pays lunaire avec sa mission Chandrayaan-2, qui comprendra un alunisseur et un robot mobile.

Le Japon prévoit l'envoi vers 2020-2021 d'un petit atterrisseur lunaire, baptisé SLIM, pour étudier une zone volcanique.

Quant aux Américains, le retour sur la Lune est désormais la politique officielle de la Nasa, selon les directives du président Donald Trump en 2017.

"Cette fois-ci, lorsque nous retournerons sur la Lune, nous y resterons", a encore dit le patron de la Nasa, Jim Bridenstine, la semaine dernière.

Pour y parvenir, l'agence spatiale américaine change de modèle et ne veut plus concevoir les missions elle-même. Elle a lancé des appels d'offres auprès du secteur spatial privé, en plein boum aux Etats-Unis. Elle voudrait envoyer des appareils dès la fin de l'année, mais plus vraisemblablement en 2020, et a mis des incitations financières sur la table pour récompenser les sociétés qui seront prêtes le plus rapidement.

La Nasa a aussi lancé le projet d'une station en orbite lunaire, censée être terminée en 2026, pour servir au retour d'astronautes sur le sol lunaire en 2028. Le retour sur la Lune est vu comme la préparation à l'envoi d'humains sur Mars, dans la décennie suivante au plus tôt.