Déchue de sa nationalité, une jeune femme de l'EI dénonce une injustice

La jeune britannique Shamima Begum, partie rejoindre le groupe Etat islamique en Syrie en 2015, a dénoncé mercredi la décision du ministre britannique de l'Intérieur de la déchoir de sa nationalité, la jeune femme pouvant selon lui en obtenir une autre.
par
Clement
Temps de lecture 2 min.

Son cas illustre le dilemme auquel sont confrontés plusieurs gouvernements européens, entre interdire le retour de leurs ressortissants jihadistes pour des questions de sécurité, ou leur permettre de revenir pour les traduire en justice. «Je ne sais pas quoi dire», a réagi la jeune femme de 19 ans sur la chaîne ITV après l'annonce de sa déchéance de nationalité, qui intervient après ses propos polémiques pour défendre le groupe djihadiste. «Je suis un peu sous le choc. C'est un peu bouleversant et frustrant. Je trouve que c'est un peu injuste pour moi et mon fils».

«D'autres personnes sont renvoyées au Royaume-Uni, je ne vois pas en quoi mon cas est différent», a ajouté Shamima Begum dont le cas a défrayé la chronique ces derniers jours pour avoir affiché son absence de regret. "Est-ce simplement parce qu'il a été médiatisé ?" Elle a expliqué réfléchir à demander la nationalité néerlandaise, son mari étant originaire des Pays-Bas. Ce dernier a été fait prisonnier par les Forces démocratiques syriennes (FDS).

"La sécurité du Royaume-Uni"

Shamima Begum, qui se trouve actuellement dans le camp de réfugiés d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, avait annoncé la semaine dernière son intention de rentrer au Royaume-Uni. Elle a accouché au cours du week-end d'un bébé. Ses deux précédents enfants, nés après son départ vers la Syrie, sont décédés de maladie et de malnutrition.

La décision du ministre de l'Intérieur conservateur, Sajid Javid, a été notifiée dans une lettre reçue par sa famille mardi. «Le ministre de l'Intérieur a clairement affirmé que sa priorité était la sécurité du Royaume-Uni et de sa population», a souligné un porte-parole dans un communiqué, expliquant que cette décision n'avait pas été prise «à la légère» et que la jeune femme pouvait obtenir une autre nationalité. Le Royaume-Uni a le pouvoir de déchoir un citoyen de sa nationalité s'il estime que cela relève de «l'intérêt général» et à condition que cela ne le rende pas apatride, conformément à la convention de New York du 30 août 1961 qu'il a ratifiée.