Présidence du MR : Charles Michel «refuse l'hypocrisie»

Le conseil du MR a approuvé lundi à l'unanimité le remplacement d'Olivier Chastel à la tête du parti par le Premier ministre, Charles Michel. Le chef du gouvernement démissionnaire ne voit pas de problème à assumer les deux fonctions, a-t-il expliqué au cours d'une conférence de presse.
par
Marie
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D'ici quelques semaines, les électeurs se rendront aux urnes pour renouveler les parlements fédéral, régionaux et européen. M. Michel dit vouloir s'engager pleinement dans le débat et «refuser l'hypocrisie": «le Premier ministre est aussi un leader politique qui veut convaincre et chercher la confiance des électeurs».

«Je suis un et indivisible. Je vais mener ma responsabilité de Premier ministre à son terme, dans l'intérêt du pays, et dans le même temps je serai présent dans la campagne électorale pour l'avenir du pays, et les deux sont liés», a-t-il ajouté. «Je suis totalement mobilisé dans l'intérêt de notre pays, et j'ai une très haute idée de la fonction de Premier ministre. Je veux aussi refuser l'hypocrisie: il y a des élections dans quelques semaines. Comme leader politique, je veux me mobiliser pour l'avenir de notre pays et de nos quatre Régions au cœur de l'Europe».

"Trois promesses'

Le chef du gouvernement a donné à cette annonce un ton très électoral, en insistant d'ores et déjà sur ses «trois promesses» en vue du 26 mai: la stabilité du pays et le refus d'une «aventure institutionnelle», la prospérité par des emplois et des investissements et l'innovation et le progrès, notamment pour répondre aux jeunes qui défilent pour le climat.

Cette succession inattendue à la présidence du MR est une idée de M. Chastel qu'il mûrissait depuis plusieurs semaines, a assuré ce dernier, en démentant tout lien avec de mauvais sondages. Le président sortant estimait qu'il ne pouvait à la fois mener son parti aux élections et être tête de liste pour le scrutin européen. Il dit avoir pris contact dimanche avec M. Michel pour lui proposer ce scénario.

«Il s'agit d'un cheminement personnel. Hier, j'ai pris contact avec Charles Michel pour lui faire part de mon sentiment: à partir du moment où je suis tête de liste européenne, où je n'ai plus l'ambition d'être au parlement fédéral ou de Wallonie, j'estimais qu'il fallait réfléchir à la façon de conduire notre parti et, intimement, j'ai pensé que Charles Michel était l'homme pour mener notre formation», a-t-il dit.

M. Michel assumera cette fonction au-delà des élections. Il lui reviendra à ce titre de diriger d'éventuelles négociations gouvernementales.

Un rare cumul

L'exercice d'une présidence de parti avec un mandat ministériel n'est pas fréquente en Belgique. Elle est même à l'origine de la guerre fratricide au MR en 2010-2011 entre Didier Reynders, alors président et vice-Premier ministre, et un certain... Charles Michel. Le cumul avec une fonction de Premier ministre est aussi rare: Elio Di Rupo était tout à la fois chef de gouvernement, bourgmestre empêché et président du PS en titre, Thierry Giet et puis Paul Magnette étant les «faisant fonction». En février 2004, alors que le VLD se déchirait sur le droit de vote des étrangers, Guy Verhofstadt avait repris pendant quelques jours la «direction politique» de son parti à Karel De Gucht avant que Dirk Sterckx ne devienne président au terme d'intenses tractations. En Wallonie, en revanche, Elio Di Rupo a cumulé la présidence du gouvernement pendant près de deux ans avec la présidence socialiste.

Le conseil du MR n'a pas seulement avalisé le changement à la présidence. Il a également annoncé toutes les têtes de liste et certains des deuxièmes de liste. Depuis quelques semaines, le casting libéral nourrissait les conjectures politiques. Il n'y aura finalement pas de surprise. Didier Reynders sera bel et bien tête de liste à la Chambre à Bruxelles, suivi par Sophie Wilmès. Charles Michel tirera la liste en Brabant wallon, alors que certains le voyaient à l'Europe et d'autres à Bruxelles. Et comme prévu, M. Chastel mènera la liste européenne suivi de Frédérique Ries.