La lutte contre les inégalités ne peut se faire sans la formation des instituteurs en maternelle

Les années passent et le constat ne change pas: l'enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles reste très inégalitaire.
par
Laura
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Pour la Fondation Roi Baudouin, la lutte contre l'échec scolaire démarre dès l'école maternelle, qui affiche un taux d'inscription très élevé en Belgique francophone. Elle a identifié, dans un rapport présenté lundi aux mondes politique et de l'enseignement, sept compétences-clés à acquérir par les futurs enseignants préscolaires pour mieux appréhender la pauvreté et la diversité.

La Fondation Roi Baudouin a lancé en 2012, en collaboration avec le ministre de l'Enseignement supérieur, deux appels à projets. Treize hautes écoles ont alors pris des initiatives pour "mieux outiller les étudiants à la réalité des inégalités sociales et culturelles". De ces projets, la Fondation a ressorti sept compétences-clés que tout futur instituteur devrait renforcer pour mieux accompagner les enfants issus de l'immigration ou de milieux précarisés.

L'étudiant doit "prendre conscience de la responsabilité de l'école", en "refusant tout fatalisme". Il doit être capable "d'approcher globalement l'enfant". L'élève "se sent respecté dans tous les aspects de sa personnalité", explique la Fondation dans son rapport 'Voir l'école maternelle en grand', "ses potentialités sont valorisées". L'instituteur ou institutrice devrait aussi être formé à accorder son attention au développement des capacités langagières de tous les enfants, à recourir à des méthodes d'apprentissage qui font apprendre tous les enfants et à travailler en équipe.

Il faut aussi apprendre à développer des relations de qualité avec les parents et acquérir une capacité d'analyse. Alors que le taux d'inscription dans l'enseignement préscolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles, accessible dès deux ans et demi, approche les 100%, ce large accès ne semble pas suffire, pointe la Fondation.

Davantage de retard

Dès la première primaire, les enfants issus de milieux défavorisés accumulent davantage de retard que les autres. Ce constat ne fait que se renforcer par la suite, déplore-t-elle. L'école doit mieux faire face aux défis de la pauvreté et de la diversité alors que la population scolaire devient de plus en plus pauvre et diverse, surtout à Bruxelles. Selon des chiffres de 2017, 18,6% des enfants âgés de 0 à 17 ans sont en risque de pauvreté en Belgique, relève la Fondation dans son rapport. Le taux de déprivation, un indicateur qui se base sur l'accès à différents éléments nécessaires pour tout enfant vivant en Europe, est lui d'environ 15%. La Région de Bruxelles-Capitale voit la population scolaire exploser, avec une hausse de 19% entre 2005 et 2015, contre une augmentation d'à peine 2% en Wallonie.

A Bruxelles, cette croissance se poursuivra surtout "dans les zones à faible indice socio-économique avec une augmentation du niveau de pauvreté des enfants en âge de scolarisation", souligne la Fondation. Or, les élèves provenant de milieux défavorisés accumulent davantage de retard à l'école que les autres, s'orientent davantage vers le qualifiant (ressenti comme un choix négatif) et présentent un taux de sortie précoce du système scolaire plus élevé. Pour que les inégalités sociales ne se transforment plus en inégalités scolaires, le combat doit débuter dès la maternelle, en offrant un meilleur accueil et accompagnement des enfants, conclut la Fondation.