Acte 3 pour la «Marche des femmes» aux Etats-Unis

La «Marche des femmes», à l'origine de manifestations monstres contre Donald Trump en janvier 2017, devrait rassembler plusieurs dizaines de milliers de personnes pour sa troisième édition demain aux Etats-Unis. L'organisation doit toutefois faire face à des accusations d'antisémitisme.
par
Camille
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L'année dernière, les défilés de la marche des femmes avaient réuni plus de 500.000 personnes, portés par les mouvements #MeToo et Time's Up contre le harcèlement et les violences sexuelles. Pour marquer ces «deux ans de résistance à la présidence Trump», les organisatrices ont appelé à une «vague» de manifestantes, alors qu'un nombre record de femmes (131) ont été élues au Congrès lors des élections parlementaires de novembre 2018.

Les manifestantes au «bonnet rose», l'emblème du mouvement, ont aussi été galvanisées par le combat contre la nomination en septembre à la Cour suprême du juge conservateur Brett Kavanaugh, accusé d'abus sexuels dans sa jeunesse. Elles ont également lutté contre la politique de séparation des familles d'immigrants illégaux arrêtés à la frontière avec le Mexique. Le mouvement dénonce par ailleurs les déclarations jugées sexistes ou racistes du milliardaire républicain, lui-même accusé par plusieurs femmes de comportement inapproprié.

Polémiques internes

Depuis quelques mois, la direction de la «Marche» est agitée par une polémique. Certaines responsables sont accusées d'antisémitisme, sur fond de résurgence des actes criminels contre la communauté juive, qui ont culminé avec l'assassinat de onze fidèles dans une synagogue de Pittsburgh fin octobre.

En cause, la participation de Tamika Mallory, l'une des co-présidentes, à un meeting du leader du mouvement «Nation of Islam», Louis Farrakhan, aux propos régulièrement antisémites. Mme Mallory s'en est également pris sur les réseaux sociaux à l'Anti-Defamation League, une des grandes organisations américaines de lutte contre l'antisémitisme.

Deux cortèges

La controverse a rebondi en décembre quand le site d'informations juives Tablet a affirmé que Tamika Mallory et Carmen Perez, militantes respectivement noire et hispanique, auraient dit à une autre organisatrice, Vanessa Wruble, blanche et d'origine juive, que les Juifs avaient une responsabilité particulière dans l'exploitation et l'esclavage des personnes de couleur aux Etats-Unis. Ces propos auraient été tenus en novembre 2016, à la création du mouvement.

Les dissensions auraient poussé un certain nombre de femmes à rejoindre Vanessa Wruble, qui a quitté la «Women's March» pour créer une organisation parallèle, «March On». En janvier 2018, les deux organisations se côtoyaient dans les défilés, qui avaient encore rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes à New York et Los Angeles. Samedi, elles prévoient de défiler séparément et «March On» a indiqué qu'elle ne s'associerait pas au rassemblement de Washington.

Mais pour Sharon Lin, médecin qui participera à la manifestation de New York, ces divisions n'ont pas d'importance. «L'intention initiale est toujours là: faire se rassembler les masses pour dire que nous désapprouvons la direction prise par le pays.»