Face à la pénurie de main d'œuvre, l'Allemagne va recruter à l'étranger

Confrontée au vieillissement de sa population et à une pénurie de main d'œuvre dans certains secteurs, l'Allemagne veut recruter à l'étranger des travailleurs qualifiés en se dotant fois d'une loi sur l'immigration.
par
Camille
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«Nous avons besoin de main d'oeuvre de pays tiers (hors Allemagne et Union européenne, ndlr) pour assurer notre prospérité et pouvoir occuper les emplois» vacants, a martelé aujourd'hui encore le ministre de l'Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer. Peu auparavant, un projet de «loi sur l'immigration de travailleurs qualifiés» avait été adopté par les ministres d'Angela Merkel, après des tractations de dernière minute entre les partis social-démocrate SPD et conservateur CDU/CSU de la «grande coalition».

L'objectif du projet de loi, qui doit être adopté au Parlement courant 2019, est de répondre au manque de main-d'oeuvre criant dans certains secteurs de l'économie phare de l'Europe. Concrètement, il prévoit que les personnes originaires de pays hors de l'Union européenne et disposant de qualifications obtiennent un permis de séjour de six mois afin de décrocher un emploi.

400.000 travailleurs par an

Durant cette période, ils devront disposer de leurs propres moyens de subsistance et démontrer un niveau d'allemand suffisant. Ils n'auront droit à aucune prestation sociale. Leur permis de séjour sera prolongé s'ils trouvent un travail. Un projet de loi distinct doit également permettre à des demandeurs d'asile déboutés mais qui ne peuvent pas être expulsés d'Allemagne d'obtenir un permis de séjour s'ils disposent d'un emploi depuis au moins 18 mois, ont un casier judiciaire vierge et ont réalisé «de bons progrès dans l'intégration», selon M. Seehofer.

L'Allemagne entend recruter dans des secteurs stratégiques comme l'informatique, les technologies de l'information ou les métiers de la cuisine et des soins aux personnes âgées. Les manques sont particulièrement criants dans les petites et moyennes entreprises (PME), «coeur» du modèle économique allemand. Selon des experts de l'Université de Constance et de l'Agence fédérale pour l'emploi, face au vieillissement de ses actifs, l'Allemagne aura besoin annuellement en moyenne jusqu'en 2050 de 400.000 travailleurs originaires de pays hors de l'UE.