L'Europe frappée par une sécheresse historique

Forêts parties en fumée en Suède, récolte de pommes de terre au plus bas historique, abattages de troupeaux par manque de fourrage... Les agriculteurs européens ne comptent plus les conséquences de la sécheresse qui a frappé le nord du continent en 2018.
par
Camille
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Selon le service météorologique allemand, la sécheresse de cet été est la plus longue depuis que les relevés ont débuté, il y a 140 ans. Partout, rendements et volumes de légumes, fruits, céréales, ou fourrage ont chuté. Rare exception, la vigne, qui a plutôt profité de la chaleur. Le millésime s'annonce notamment exceptionnel en Champagne.

Mais les frites vont être chères. La production de pommes de terre de conservation a en effet reculé «d'au moins 20%» par rapport à l'an passé dans quatre des cinq pays producteurs majeurs en Europe (Allemagne, Belgique, France et Pays-Bas), avec des volumes à un plus bas historique en Allemagne. La Suède a même produit moins de pommes de terre qu'en 1867, année de grande famine. Et sa récolte de céréales a dégringolé de 59% par rapport à 2017, selon l'agence d'Etat pour l'agriculture.

Moins couteux d'abattre le bétail que le nourrir

En Autriche, les dommages sont évalués à plus de 210 millions €, dont 130 pour le seul fourrage. En France, les pertes totales sont estimées entre 1,5 et 2 milliards € par la première organisation agricole FNSEA. «70 départements français (sur 101) devraient bénéficier du régime des calamités agricoles, soit une sécheresse aussi forte que celle de 2003, déjà classée historique», souligne Joël Limouzin, un responsable de la FNSEA.

AFP

La sécheresse ayant été exceptionnelle par sa longueur, les prairies n'ont pas reverdi à l'automne par manque de pluie. En France, 30% des surfaces semées de colza n'ont pas levé. Face au manque de fourrage et de paille, qui ne se trouvaient souvent qu'à des prix exorbitants, des abattages anticipés de vaches ont eu lieu. Certaines bêtes sont vendues à 2,8 euros le kilo en décembre, «alors qu'il faudrait 4,5 € pour couvrir les coûts de production», se désole M. Limouzin, qui craint un «arrêt massif» d'exploitations d'élevage au printemps prochain.

Les aides de la PAC peu utilisées

«Le maître-mot c'est l'innovation et l'anticipation», estime M. Limouzin, «il faut que la PAC permette aux agriculteurs d'avoir une vraie gestion de risques, et de prévention, par exemple pour permettre le stockage de l'eau, et amplifier le système assurantiel», y compris pour les prairies, grâce aux cartes satellites de plus en plus précises. Or, selon une étude récente, les mesures agro-environnementales et climatiques destinées à réduire les prélèvements en eau pour l'irrigation, prévues par la PAC 2014-2020, ont été «globalement peu efficaces» en Grèce, Chypre, Roumanie, Italie et Espagne, car peu souscrites par les agriculteurs.