Cyclup: l'upcycling comme voie vers la réinsertion professionnelle

Rassembler des activités déjà existantes afin de former un pôle d'économie sociale et circulaire tout en revalorisant le quartier des Marolles, voici l'idée de Cyclup. Mis en place l'année passée par le CPAS de la Ville de Bruxelles, le projet comprend un centre de tri, une friperie, un atelier-boutique ainsi qu'une menuiserie, le tout avec un seul et même objectif: la réinsertion professionnelle.
par
Laura
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«Cyclup est une contraction entre le ‘cycle' de la vie et le mot ‘up' qui signifie tirer vers le haut les ressources en leur donnant une seconde vie, mais également les personnes en les accompagnant dans leur formation», détaille Sandrine Kerkhofs, gestionnaire commerciale et marketing au CPAS de Bruxelles.

Grâce à l'article 60, qui permet au CPAS d'engager ses ayants-droit, Cyclup offre, pendant un à deux ans, un accompagnement dans les métiers de la couture, de la menuiserie, de la vente ou du tri. «L'objectif, c'est de leur permettre d'acquérir une expérience professionnelle à valoriser sur un CV afin qu'ils puissent retrouver une place sur le marché du travail», rajoute Sandrine Kerkhofs qui rappelle qu'une base, ou une affinité, avec le domaine d'apprentissage en question est nécessaire pour faire partie de l'aventure.

 

Bien que le projet d'insertion professionnelle existait déjà dans le passé, c'est l'adoption du Programme Régional en Économie Circulaire par le Gouvernement bruxellois en 2016, qui a véritablement fait germer l'idée de Cyclup. «On sentait que les gens se posaient de plus en plus de questions sur leur façon de consommer. Nous, on était là-dedans sans vraiment s'y inscrire. On a donc décidé d'utiliser nos espaces comme vecteur de sensibilisation, ce que l'on ne faisait pas avant», raconte Gilles Plumier, coordinateur du Pôle Formation-Emploi du CPAS de la Ville de Bruxelles.

Le cycle de vie du textile

Comme l'explique ce dernier, «il y a eu tout un processus de réflexion pour redynamiser les différentes activités», ce qui a donné naissance au centre de tri situé au 296c rue Haute, premier maillon de ce cycle de récupération. C'est ici que sont triés les textiles donnés par les particuliers ou récupérés à domicile à l'aide d'un vélo cargo dans Bruxelles. Outre le tri, Cyclup va jusqu'à fabriquer sa propre lessive pour laver des vêtements qui nécessiteraient un coup de propre. «40% des textiles sont ensuite acheminés vers la friperie et une partie sert de matière à travailler pour l'atelier-boutique qui fait de l'upcycling», explique Sandrine Kerkofs.

Ph. Cyclup

En ce qui concerne les textiles invendables, ils sont mis à disposition du public pour un euro le kilo. «On réutilise tout ce que l'on peut, le reste on essaie de le réinjecter dans l'économie locale», rajoute Gilles Plumier. Écoles, particuliers, associations ou créateurs… tout le monde peut venir chercher son bonheur dans le stock de matière première.

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Cyclup souhaite également jouer la carte de la transparence face à ses donateurs de textiles. Grâce à la présence de baies vitrées, ils peuvent suivre le cheminement de leurs vêtements du centre de tri jusqu'à l'atelier-boutique. C'est là, dans une pièce attenante, que les apprentis couturiers se mettent à pied d'œuvre pour imaginer de nouvelles pièces réalisées à partir des dons. Un service de retouches, de réalisations sur mesure, et même de fabrication d'une gamme d'articles zéro déchet est également proposé.

Ph. Cyclup

Nouvelle jeunesse pour l'ameublement

L'aménagement du centre de tri, de la friperie et de l'atelier-boutique a également été pensé dans une démarche d'économie circulaire. «On a d'abord commencé par une phase de rénovation des espaces commerciaux dans le but de créer une identité commune aux magasins. On a essayé aussi bien d'aménager les espaces que de les équiper en matériaux de récupération», explique Sandrine Kerkofs.

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Une suite logique qui va de pair avec le lancement de la menuiserie en janvier 2018. Autre lieu de réinsertion professionnelle, son travail consiste à récupérer, puis réparer, des meubles de seconde main, afin d'en faire bénéficier les ayants-droit du CPAS. Les meubles restant sont quant à eux transformés et revisités avec des matériaux de réutilisation, puis exposés dans le centre de tri à destination des particuliers.

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«Le but, c'est avant tout de casser les codes. Nous voulons faire en sorte que les gens entrent et posent des questions sur ce que l'on fait», explique Gilles Plumier. Un projet pensé de A à Z, qui, grâce à sa volonté de réinsertion professionnelle basée sur l'économie circulaire, se positionne avec réussite tout au long de la chaîne de réhabilitation.

 

Laura Sengler