Stéphane Delogne, l'agriculteur qui aimait les fleurs

Stéphane Delogne a un peu hésité, mais il a fini par trouver sa voie. Aujourd'hui, il est éleveur et s'occupe de la convention «Mares agricoles» pour Natagora. Son rôle? Convaincre les agriculteurs et les propriétaires de creuser des mares sur leur terrain. Le but? Modifier durablement le statut de conservation de plusieurs amphibiens.
par
ThomasW
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«Gosse, je passais tout mon temps dehors. Je rêvais d'être éleveur. J'étais déjà curieusement engagé ‘bio'. À dix ans, il me semblait que les pesticides étaient une saloperie et je voulais empêcher mon entourage d'en utiliser. En grandissant, j'ai mis ce rêve de côté. Les difficultés des agriculteurs et les capitaux à investir me barraient la route. Et puis, comme j'avais une certaine facilité pour les études, j'ai fait un master en journalisme, tout en hésitant entre bioingénieur et comédien. Logique…

J'ai eu une proposition pour entrer à la radio Bel RTL. J'ai refusé. Plus question de vivre à Bruxelles. J'ai accepté une proposition à La Meuse Liège. Puis l'explosion d'un immeuble avec des jeunes ensevelis dessous m'a rapidement fait comprendre qu'il me fallait retrouver la nature. Un Groupe d'action locale (GAL) en Gaume cherchait un bioingénieur. J'ai passé les tests et ils m'ont engagé.J'ai adoré ce travail qui a permis de creuser une centaine de mares, restaurer des carrières forestières, planter 12 kilomètres de haies et des centaines de fruitiers. Dans le même temps, j'ai découvert les règles de la politique agricole commune (PAC) et les mesures agro-environnementales (MAE). J'ai renoué avec mon rêve de gosse de devenir éleveur.

J'ai acheté un marais, puis quelques vaches, des highlands. J'avais peu de moyens, mais beaucoup de détermination. J'ai défriché, clôturé à la main… J'empruntais un tracteur pour faire le foin et distribuais les boules en hiver, toujours à la main. En faisant des colis de viande et grâce aux MAE, j'ai pu petit à petit acquérir du matériel.

J'ai ensuite fait un détour par le syndicalisme agricole où j'ai acquis la certitude que le principal levier de protection des espèces est la PAC et l'encadrement politique de l'agriculture. Aujourd'hui, je m'occupe de la convention ‘Mares agricoles' de Natagora. Je crée un grand réseau de mares sur plus de 30 communes. Je dois convaincre les agriculteurs et les propriétaires. La démarche prend du temps, les discussions sont parfois homériques, mais l'aboutissement est formidable et va modifier durablement le statut de conservation de plusieurs amphibiens.»