L'investissement veut devenir durable et accessible à tous

Le modèle économique actuel est souvent accusé d'être responsable de la crise écologique, et la finance d'être son bras armé. Pourtant, l'épargne peut contribuer à changer ce modèle, assure Céline Bouton, de la plateforme d'investissement Lita.co.
par
Camille
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Fonds vautour, institutions financières qui exigent des rendements élevés quitte à nuire à l'environnement ou aux travailleurs… La finance n'a pas toujours bonne presse. Pourtant, loin des excès commis par certains investisseurs, des financiers veulent répondre aux besoins de l'économie, et notamment de la nouvelle économie durable. «Il existe une finance qui a un impact positif sur la société», souligne Céline Bouton, de la plateforme d'investissement durables Lita.co.

Des projets concrets à l'impact mesurable

La plateforme propose aux particuliers d'investir dans des projets présentant un impact positif pour la société, et pas uniquement un rendement financier. «On ne soutient que des projets ancrés dans l'économie réelle, et locale, et des entreprises sociale. Elles doivent avoir un impact concret pour la société», souligne la responsable de Lita.co. La plateforme a ainsi fait la promotion de Billy Bike, un système de vélos électriques en libre-service. Dans ce cas, l'impact positif est mesuré par le nombre de kilomètres en voiture évités par le développement du projet. Tout dernièrement, c'est un projet de pâtes enrichies aux insectes qui a été promu. Ici, l'impact sera mesuré par le nombre de kilos de viande qui n'ont pas été produits, et donc les tonnes de CO2 évitées.

 

Autre exemple de projet à soutenir aux yeux de cette plateforme de collecte de l'épargne, Tell me. Cette jeune entreprise belge loue des vêtements pour femmes enceintes et pour enfants de 0 à 3 ans. Ces périodes de la vie nécessitent des habits qui ne seront portés que quelques semaines, avant de ne plus convenir pour raison de taille. «Le secteur du textile est connu pour avoir un fort impact sur l'environnement, notamment pour sa consommation d'eau. L'idée de louer ces vêtements pendant la période où on en a besoin est donc tout à fait pertinente», reprend Céline Bouton. Dans ce cas, l'impact sera mesuré à travers le nombre de litre d'eau économisés pour les vêtements qui n'ont pas dû être produits. «Nous soutenons des projets qui ont un impact positif sur les externalités négatives produites par notre système économique», résume-t-elle.

L'envie de s'investir

Le secteur de l'investissement aux particuliers est devenu particulièrement intéressant depuis l'instauration du tax-shelter. A condition de répondre à certains critère (âge et taille de l'entreprise soutenue), l'investisseur peut obtenir une réduction fiscale allant jusqu'à 45% de son investissement. «Le rendement financier n'est pas la seule motivation de nos investisseurs», nuance-t-on chez Lita.co. «On ressent aussi une envie de s'investir, et de savoir très concrètement à quoi va servir son argent. On voit ainsi des investisseurs qui offrent leurs compétences à la société qu'ils soutiennent, qui donnent des idées. Le fait de participer aux décisions qui sont prises est important aux yeux des contributeurs.»

 

Le modèle a fait ses preuves, puisque sur les 49 projets soutenus depuis le lancement de la plateforme, un seul s'est conclu par un échec. «Ca marche très bien, car on sélectionne avec soin les projets que l'on propose de soutenir», justifie Céline Bouton. Cela n'empêche pas Lita.co de rappeler qu'investir comporte des risque. L'investisseur potentiel doit ainsi répondre, pour pouvoir investir, à un rapide questionnaire afin de s'assurer qu'il soit en mesure d'apprécier les risques liés à tout investissement.

Le pouvoir de l'argent

Il y a longtemps que les réseaux militants ont pris conscience du «pouvoir de l'argent». En Belgique, l'investissement responsable est né dans les années 80 avec Crédal. À l'époque, des militants engagés dans la lutte contre l'apartheid cherchaient des solutions pour placer leur épargne sans que celui-ci ne soutienne des activités économiques en Afrique du Sud, un pays qu'ils appelaient à boycotter en raison de sa politique raciste. Cette action a provoqué le début de la réflexion sur l'usage de l'épargne par les banques, et sur la volonté d'investir ses économies dans des projets qui correspondent aux valeurs de chacun.