Patrick Bruel: «Stromae a installé de nouveaux codes»

Attentats, victoire des Bleus, harcèlement à l'école… six ans après son dernier album de chansons inédites, Patrick Bruel fait son retour avec des sujets de société qui l'ont touché. Dans «Ce soir on sort», le chanteur reprend la recette de ce qui a fait son succès en s'essayant à des sonorités plus urbaines.
par
Laura
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Dans ‘Ce soit on sort', vous revenez sur les attentats qui ont touché nos pays respectifs. C'était une nécessité pour vous d'en parler?

«C'était impossible de ne pas l'évoquer. Ça a pris trop de place dans ma vie, dans celle de mes enfants, et des gens du monde entier.»

C'est dans cette optique que vous avez voulu rendre hommage aux héros du quotidien?

«La chanson ‘Héro' n'est pas liée même si ça aurait pu. C'est un hommage aux gens du quotidien comme les pompiers, la police, cette femme qui aide une autre femme à accoucher dans le métro, cet homme qui a gravi un immeuble pour sauver un enfant ou ces infirmières qui donnent de leur temps pour des salaires de misère. Sans eux, ça ne tournera pas.»

Elle semble vous tenir à cœur.

«C'est ma préférée du disque, elle me ressemble énormément. Je suis très amoureux de cet album."

Vous avez porté les textes de Barbara dans votre précédent album. Vous a-t-elle inspiré dans votre écriture?

«Oui, elle m'a mis la barre très haute. Après avoir traversé pendant un an des chefs-d'œuvre, je mettais phrase après phrase à la poubelle. Du coup, ça a été une surprise quand Pierre Lapointe m'a envoyé la chanson ‘L'amour est un fantôme'. On aurait dit qu'elle avait été écrite par Barbara et Brel aux Marquises. C'est tellement mon ADN.»

Ph. Vincent Leroi

En six ans, y a-t-il d'autres artistes qui vous ont inspiré?

«Comme j'ai passé beaucoup de temps aux États-Unis, j'ai écouté beaucoup de musique urbaine. Mais j'ai aussi été très touché par toute une vague de jeunes artistes qui sont arrivés comme dérivés de Stromae. C'est lui qui vient installer de nouveaux codes d'écriture, de nouvelles façons d'envisager le rapport entre la musique et les textes. Il prend une part très importante dans l'histoire de la création francophone. C'est un virage pour moi. Il y a des influences qui se font sentir déjà sur une jeune génération.»

Pourquoi aborder le sujet du harcèlement scolaire dans ‘Louise'?

«Quand on a des enfants, on doit faire attention à ce qu'il se passe sur le net. C'est une prise de conscience de ce fléau que sont ces défis sur internet qui emmènent les gosses au suicide. C'est pour ça qu'au début, c'est un piano-voix, comme un cri auquel j'amène une production très urbaine. Ça donne quelque chose qui a mon sens symbolise tout l'album. Ça peut être une jolie chanson mais c'est aussi un acte citoyen quelque part.»

Laura Sengler

Patrick Bruel sera en concert le 28 février (complet), le 15 mai (complet) et le 16 mai à Forest National.