La noix belge vaut bien plus que des cacahuètes

Elle est loin d'être courante en Belgique. Pourtant, la nuciculture se porte bien chez nous, à en croire une exploitation de Grand-Leez qui cartonne avec ses 720 noyers hyperproductifs. Un secteur d'avenir, affirme le producteur ! Et la noix belge est particulièrement délicieuse, rien à voir avec ce que l'on trouve habituellement en magasins.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

Un joli corps de ferme, une grange immense remplie de centaines de milliers de grosses noix dorées, tantôt rangées dans des sacs, tantôt entassées dans des bacs en bois ou dans le « séchoir », des machines étranges et perfectionnées, des allées de noyers bien rangés… Nous voilà chez Monsieur et Madame Loise, près de Gembloux, dans le Namurois. Ici, on récolte les noix que veulent bien nous laisser les corbeaux et les écureuils qui s'en font un festin quotidien, d'après l'agriculteur, qui a dû se résoudre à planter également… des épouvantails. Tic et Tac ne s'y trompent pas : si vous goûtez aux noix de Gembloux, vous ne voudrez plus aucune autre noix.

Entre huit et quinze ans avant la récolte

Les noyers de Grand-Leez ont été plantés il y a quinze ans. La ferme familiale, qui est exploitée depuis quatre générations, produisait auparavant des céréales et des betteraves. Lorsqu'elle fût reprise par la génération actuelle, il a fallu faire un choix : « Je voulais une culture moins chronophage car je suis vétérinaire. Mais je voulais absolument garder la ferme. Alors, j'ai fait venir des plants de noyers français car c'est un produit saisonnier qui demande peu d'entretien », nous explique Monsieur Loise.

Ph. D.R.

Les noyers mettent une dizaine d'année avant d'être productifs. Cela fait cinq ans que les précieux fruits à coque sont récoltés ici et cette année, la récolte, qui s'est terminée mi-octobre, a été avancée d'une semaine grâce au climat favorable de l'été.

Une tonne par hectare

« Ils sont hyperproductifs ! », explique l'agriculteur, en parlant de ses noyers qui adorent le sol limoneux de l'endroit. Des branches ont même dû être coupées tellement celles-ci croulaient sous les noix. « Nous devons pouvoir passer en dessous des arbres avec nos machines qui secouent l'arbre doucement et avec celles qui ramassent ensuite les fruits sur le sol. » La noyeraie comprends neuf hectares et demi, qui produisent chacun 1000 kilos !

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Trois variétés, tout en bio

L'agriculteur a planté trois types de noix qui se ressemblent parfaitement extérieurement parlant : la Lara, très douce, la Fernor, un peu plus amère, et la Franquette, variété française par excellence, douce et particulièrement résistante, ce qui est important quand on travaille en bio, insiste le nuciculteur. La Lara et la Fernor ne représentent qu'un hectare de la noyeraie car c'était une sorte d'expérimentation. Mais il s'avère que ces deux variétés sont deux fois plus productives que la Franquette !

Noix fraîche ou noix séchée ?

La noix fraîche se différencie assez peu de la noix séchée. Elle est vendue telle quelle, maximum deux semaines après sa récolte. En bio en tout cas, car aucun produit n'est utilisé pour pulvériser sur les coques afin de retarder les moisissures. On pourrait penser que la noix fraîche est plus douce que la séchée mais c'est tout le contraire ! Elle est plus amère et sa chair est un peu plus élastique, ce qui ne lui confère finalement qu'un intérêt limité. D'ailleurs, nous explique Monsieur Loise, manger des noix non séchées est une habitude bien belge : « Il n'y a que les Belges qui la mangent comme ça. Les producteurs français envoient la totalité de leurs noix fraîches vers le marché belge. »

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La noix séchée se différencie de la fraîche juste par son passage dans un séchoir, où elle est exposée à une température de 21 degrés pendant une semaine.

Noix moldaves et même chinoises

L'immense majorité des noix que l'on retrouvent dans nos magasins proviennent de Moldavie, voire d'un chouia plus loin… de Chine ! Outre l'absurdité des kilomètres parcourus, le nuciculteur nous explique qu'elles sont pulvérisées de produits chimiques divers pour conserver leur apparence et puis séchées à 38 degrés de manière rapide pour gagner en temps. Mais pas en arômes ! Car celui-ci s'exprime lorsque l'on traite la noix avec douceur et lenteur.

Non, la noix ne tient pas des années !

Contrairement à ce que l'on pense, les cerneaux de noix ne se gardent pas des années, même dans de bonnes conditions. « Après huit mois, la noix rancit. Le goût change même déjà plus vite, après quelques semaines. Nous voulons la qualité maximale alors nous cassons toutes les semaines après la récolte, et ce durant six mois, pour garder les noix les plus fraîches possibles », explique Monsieur Loise, qui précise que lorsque vous achetez un paquet de noix en magasin, elles ont déjà plusieurs mois voire plus d'une année, et la date de péremption est parfois encore longue.

Une noix belge, bio, qui n'a que quelques semaines de récolte, n'a effectivement rien à voir au niveau goût avec les cerneaux qui traînent en général dans nos armoires, notre palais peut vous le confirmer !

On trouve les noix de Gembloux en ce moment en magasin bio ou directement à la ferme qui se situe au 177 de la rue Pont des Pages à Grand-Leez (entre 8,5 € et 10 € le kilo).

Lucie Hage