Chaque enfant a droit à une famille aimante

par
Camille
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La Belgodyssée, une initiative de la RTBF et de la VRT, en partenariat avec le Fonds Prince Philippe, Metro et L'Avenir, favorise la collaboration entre jeunes journalistes en herbe issus des différentes communautés de notre pays. Très concrètement, les jeunes travaillent en duos bilingues. Cette édition est consacrée à la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui fête ses 70 ans cette année. Alice Elliott met en exergue le manque de places dans l'aide à la jeunesse et la façon dont nous pouvons contribuer à solutionner ce problème.

Après avoir lu un article sur le manque d'accueil de crise pour les jeunes, nous avons décidé, mon binôme francophone Alex et moi, de nous focaliser sur l'Article 25 de la Convention des droits de l'homme. Cet article stipule que les enfants ont droit à des soins spéciaux et une assistance et à un niveau de vie suffisamment élevé pour assurer leur santé et leur bien-être. Pour en savoir plus à ce propos, nous avons rencontré des personnes qui travaillent dans le secteur du placement en famille d'accueil.

Des centaines d'enfants attendent une famille d'accueil

C'est le cœur gros que Xavier Verstappen, président de La Fédération des Services de Placement Familial, nous indique qu'en Wallonie, à l'heure actuelle, 250 enfants sont en attente d'une famille d'accueil. Bien qu'il n'existe pas de chiffres exacts, on estime que, dans l'ensemble de la Belgique, près de 600 enfants se trouvent sur une liste d'attente. «Ces enfants ne peuvent pas rester chez leurs parents pour toutes sortes de causes», explique Xavier Verstappen. «Certains parents ont des problèmes de lourde addiction ou des problèmes psychiques, d'autres sont en prison. Mais il arrive aussi qu'un parent isolé tombe gravement malade et ne dispose pas d'un réseau pour l'aider. Les jeunes du programme d'accueil ne sont certainement pas d'office des enfants à problèmes ou des criminels. La plupart sont tout simplement victimes de situations parentales préoccupantes. Malheureusement, il est de plus en plus difficile de leur trouver un accueil!»

Nécessité de liens familiaux étroits

Dans l'attente d'une famille d'accueil, la plupart des enfants séjournent dans une institution, parfois pendant plusieurs années ou même jusqu'à ce qu'ils soient adultes. «Même si ces institutions s'occupent bien des enfants, ce n'est pas toujours une bonne solution», explique Meli. Elle a 18 ans et réside depuis 5 ans dans une famille d'accueil. Elle ne voudrait pas séjourner en institution. «Je ne pourrais jamais m'y sentir chez moi! Ce n'est pas la même chose que de grandir dans une famille. La plupart des enfants ont besoin, tout comme moi, de liens familiaux étroits, ils ont tous droit à avoir une famille d'accueil.»

Un manque chronique de places d'accueil

Il n'y a pas qu'à long terme qu'il y a trop peu de familles d'accueil, le manque est aussi poignant en ce qui concerne l'accueil de crise. Une crise est une situation d'urgence vécue de façon aiguë, dans le cadre de laquelle une aide immédiate doit être apportée. Néanmoins, 28,5% des mineurs en situation de crise n'ont pas reçu cette aide ces dernières années, selon un rapport de la Cour des Comptes. «Chaque jour, nous devons nous mettre en quête d'un accueil de crise», déclare le juge de la jeunesse Philippe Vandaele. «Si aucun accueil n'est disponible, nous devons parfois faire passer la nuit aux jeunes dans un hôpital ou même dans une cellule! Le lit de crise est temporaire, mais les situations familiales difficiles ne le sont généralement pas. De ce fait, certains jeunes se retrouvent presque chroniquement dans l'assistance de crise, ce qui est très néfaste pour leur développement. Ces enfants seraient beaucoup mieux dans une famille aimante et chaleureuse!»

Besoin de plus de familles d'accueil

«Il est important de susciter une plus grande prise de conscience; beaucoup de personnes ne savent en effet pas qu'il y a un manque criant de places d'accueil», souligne Philippe Vandaele. Le juge de la jeunesse reste néanmoins positif. «Je suis convaincu que de nombreuses personnes seraient prêtes à accueillir des enfants en situation d'urgence, pour leur donner la chaleur et l'amour auxquels ils ont droit.» Meli est de cet avis. «Commencez par envisager l'accueil familial d'urgence. Il s'agit de courtes périodes d'accueil. Si cela se passe bien, vous pouvez alors devenir parent d'accueil pour de plus longues périodes.» Elle sait déjà maintenant qu'elle veut devenir parent d'accueil plus tard. Dans l'intervalle, elle espère convaincre le plus de gens possible de le devenir aussi.

 

Qui suis-je?

Alice Elliott, 20 ans, habitant à Deurne, étudiante en Anthropologie & sociologie à l'Université Saint-Louis à Bruxelles.