Troubles de l'attention : un mauvais diagnostic ?

Des recherches internationales de grande ampleur ont montré que les enfants les plus jeunes de leur classe sont plus susceptibles d'être perçus comme atteints de trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) que leurs camarades plus âgés, mais le diagnostic est parfois erroné.
par
ThomasW
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Menée par des chercheurs de l'Université australienne de Curtin avec l'aide de collègues français et américains, cette nouvelle étude a pris en compte de façon systématique toutes les recherches précédentes menées en classe sur les enfants diagnostiqués comme atteints d'un TDAH et/ou traités pour ces troubles, des études qui prenaient aussi en compte l'âge des sujets.

Les scientifiques ont passé en revue 17 études concernant plus de 14 millions d'enfants des États-Unis, d'Espagne, du Canada, de Finlande, d'Allemagne, des Pays-Bas, d'Islande, d'Israël, de Norvège, de Suède, de Taïwan et d'Australie.

Les plus jeunes plus souvent diagnostiqués

Leurs résultats, publiés dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry, ont montré que les plus jeunes enfants de la classe étaient plus fréquemment diagnostiqués comme souffrant de ce trouble et sous-traitement.

L'équipe de chercheurs a ajouté que cela semblait être la norme à travers le monde, même dans des pays où ces troubles étaient assez peu traités. «Nos recherches montrent que l'effet anniversaire tardif/TDAH se produit à la fois dans les pays où ces troubles sont très traités, comme aux États-Unis, au Canada et en Islande, et dans des pays ou le TDAH est moins fréquent comme en Finlande, Suède et à Taïwan. Nos résultats remettent en question la notion que l'erreur de diagnostic ne se produit que dans les pays où les TDAH sont fortement traités», a commenté l'auteur Martin Whitely.

A ne pas confondre avec l'immaturité

Bien que ce soit l'un des troubles psychiatriques enfantins le plus souvent diagnostiqué (et traité) dans le monde, le TDAH reste difficile à diagnostiquer du fait qu'il n'existe pas de marqueurs biologiques ni de tests pour déceler cette maladie, le diagnostic se fondant en partie sur les retours des professeurs sur le comportement de l'enfant. «Il semble qu'à travers le monde, certains professeurs prennent l'immaturité des enfants les plus jeunes de leur classe pour un TDAH. Bien que les professeurs ne posent pas de diagnostic, ce sont souvent les premiers à suggérer qu'un enfant pourrait être atteint de ce trouble», a noté le Dr. Whitely.

Le co-auteur de l'étude, le professeur Jon Jureidini a tenu à préciser que cette nouvelle analyse souligne l'importance du fait que non seulement les professeurs mais aussi les docteurs et les parents doivent être conscients de l'impact que peut avoir l'âge relatif d'un enfant sur son comportement, et qu'il a peut-être besoin de plus de temps pour mûrir. «Confondre une immaturité parfaitement normale liée à l'âge avec un TDAH n'est qu'un des nombreux problèmes de l'étiquette TDAH. Les enfants qui manquent de sommeil, qui sont persécutés, qui ont souffert d'abus ou souffrent d'autres problèmes, sont souvent étiquetés comme hyperactifs», a noté le professeur Jureidini.

«Cela entraîne non seulement une prise de médicaments potentiellement nocifs dont ils n'ont pas besoin, mais leurs véritables problèmes ne se trouvent pas identifiés ni pris en compte.»