France: des profs dénoncent les violences scolaires sous le hashtag #pasdevague

Des centaines de profs ont dénoncé sur Twitter, sous le hashtag ironique #pasdevague, l'absence de réaction de leur hiérarchie face aux violences qu'ils subissent, après l'affaire d'un élève filmé en train de braquer sa professeure avec une arme factice dans un lycée de Créteil, en banlieue parisienne.
par
Laura
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Depuis dimanche, ces professeurs ont partagé leur expérience dans plus de 20.000 tweets sous ce hashtag, selon la plateforme de veille sur les réseaux sociaux Visibrain. Dimanche soir, l'adolescent de 16 ans du lycée de Créteil a été inculpé pour "violences aggravées" et remis en liberté avec des mesures de contraintes provisoires. "Trois élèves agressent sexuellement un de leurs camarades (...) Le conseil de discipline les vire définitivement. Quelques jours après, le rectorat impose le retour d'un des auteurs dans la même classe que la victime", témoigne ainsi une prof de collège. Une professeure de lettres raconte qu'une élève l'a frappée dans un couloir "mais le conseil de discipline ne l'a pas même exclue".

"Comme si tout allait bien"

"On vit des agressions verbales régulières, mais on est obligé de continuer à enseigner", témoigne Jenny Lartaud, 28 ans, professeur de Français dans un collège en Alsace, à l'AFP. Elle raconte avoir été "testée" il y a deux ans par sa classe de 4ème, pendant six mois. "Je leur ai proposé, pendant une heure de cours, de me dire ce qui ne se passait pas bien, selon eux", explique-t-elle. "Je n'aurais pas dû: ils se sont lâchés et j'ai entendu les pires ignominies".

Elle écrit alors un rapport à sa hiérarchie: "le principal adjoint m'a convoquée, je n'étais pas seule, mais malgré des courriers faits aux parents, malgré quelques exclusions, les élèves ont continué". Selon elle, de nombreux profs préfèrent faire "comment si tout allait bien, pour ne pas qu'on dise d'eux qu'ils sont de mauvais enseignants".

Vers un "plan d'action"

La vidéo relayée sur les réseaux sociaux montre un adolescent debout dans une salle de classe, brandissant un pistolet près du visage de l'enseignante tout en lui demandant de l'inscrire "présent" au cours. La professeure de biotechnologie, assise devant un ordinateur, semble plus lasse que paniquée, alors qu'un certain chahut est perceptible dans la classe.

Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer et Christophe Castaner, récemment désigné à l'Intérieur avec l'ambition affichée d'une politique de fermeté, ont annoncé la réunion d'un "comité stratégique" pour un "plan d'actions ambitieux" contre les violences visant les enseignants.