Les inondations meurtrières repoussent l'annonce du remaniement français

Attendu depuis près de deux semaines, le remaniement du gouvernement a été reporté par l'Élysée, lundi, qui souhaite donner la priorité au secours des victimes des inondations dans l'Aude, qui ont fait au moins 13 morts.
par
Clement
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Le Premier ministre Édouard Philippe était attendu «dans l'après-midi» dans l'Aude après son traditionnel déjeuner du lundi avec Emmanuel Macron. «Le président de la République a demandé au Premier ministre de se rendre sur place et de lui rendre compte», a indiqué l'entourage de M. Macron. Ce dernier se rendra pour sa part dans le département sinistré «dès que possible», de façon à ne pas gêner les secours, a indiqué l'Élysée.

Le bilan de la catastrophe, qui n'a cessé de s'alourdir, a repoussé au plus tôt à mardi l'annonce du remaniement, qui n'aura pas donc pas lieu lundi, a indiqué la présidence. Au moins 13 personnes ont été tuées dans la nuit à la suite de violents orages et des trombes d'eau qui ont provoqué des inondations spectaculaires dans la région de Carcassonne, placée en vigilance rouge depuis 06H00.

La question du remaniement est «importante, elle sera évoquée le moment venu», avait déclaré le chef du gouvernement lundi matin depuis Nantes où il était en déplacement. Il assume l'intérim de M. Collomb au ministère de l'Intérieur, à la suite du départ fracassant de ce dernier le 2 octobre. Le remaniement, qui semblait acquis une semaine plus tard mais qui avait finalement été reporté sans explication, était attendu avant la prochaine séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, mardi à 15H00.

Durant tout le week-end, le président et le Premier ministre ont poursuivi d'intenses consultations pour finaliser l'équipe qui doit donner un nouveau souffle au quinquennat d'Emmanuel Macron après un été et une rentrée chaotiques. Pour remplacer Gérard Collomb, le nom de Christophe Castaner, délégué général de LREM, revient avec beaucoup d'insistance, avec aussi le scénario d'un duo avec l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, proche de Nicolas Sarkozy. L'exécutif pourrait aussi faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer. Le procureur de Paris François Molins - connu des Français depuis les attentats de 2015 -, la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi et Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée ont été cités.

Parmi les sortants possibles: Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture). Le nom de l'ex-LR Christophe Béchu, maire d'Angers, a circulé pour succéder à Jacques Mézard. Les centristes du MoDem pourraient récupérer un ou deux portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, alors que les noms des ex-socialistes Juliette Méadel et Didier Guillaume ont également été évoqués. MM. Macron et Philippe pourraient en outre décider de renforcer les liens avec les territoires en créant un ministère ad-hoc, sur fond de grogne croissante des collectivités locales.

Ce feuilleton du remaniement continuait lundi de concentrer les critiques de l'opposition qui dénonce le temps pris pour dévoiler la nouvelle équipe. La députée LREM Amélie de Montchalin a concédé lundi l'existence d'"une période de flottement relatif». Mais la nouvelle équipe sera «100% à sa tâche, 100% dédiée aux Français», a-t-elle promis sur CNews. Ce remaniement doit par ailleurs trouver place dans une semaine marquée par les dossiers internationaux pour Emmanuel Macron, qui reçoit lundi le président sud-coréen et mercredi le Premier ministre japonais, avant de se rendre à Bruxelles pour un sommet européen crucial sur le Brexit.