France: Des arrêts de bus à la demande pour réduire les risques pour les femmes

Testé depuis six mois en région parisienne, un dispositif d'arrêt des bus à la demande vise à rassurer les passagères dans leurs trajets de nuit, mais reste encore méconnu.
par
Laura
Temps de lecture 3 min.

"Depuis mon arrêt, je dois marcher pour revenir en arrière, j'ai encore dix minutes à pied en descendant. Je ne suis pas rassurée à cause de l'heure, il fait nuit quand j'arrive", raconte Edith, employée dans un Ehpad, en banlieue parisienne.

Chaque soir pour rentrer chez elle, elle emprunte la ligne de bus 620 qui relie le quartier parisien de Ménilmontant à Bobigny et fait partie de l'expérimentation lancée en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne par la région. Elle pourrait donc raccourcir son trajet à pied en demandant au chauffeur d'arrêter le bus au plus près de chez elle. Mais elle ne le sait pas.

Vers une généralisation

En détaillant cette mesure fin janvier, la présidente LR de la région, Valérie Pécresse, avait assuré répondre à une demande "très spécifique" des femmes, notamment dans les quartiers populaires, afin de lutter contre les violences dont elles peuvent être victimes sur le chemin de leur domicile. Mme Pécresse prévoyait, à terme, une généralisation de la mesure si l'expérimentation était "concluante" et ne se traduisait "pas par une gêne systématique du conducteur".

Ce lundi, le groupe Transdev et Ile-de-France Mobilités, l'autorité organisatrice des transports dans la région, doivent se retrouver pour décider de conserver ou non ce dispositif et de l'étendre à de nouvelles lignes. A l'heure actuelle, sept lignes de Seine-et-Marne et quatre lignes de Seine-Saint-Denis sont concernées, "des lignes assez représentatives du réseau, qui traversent des communes à forte densité", explique à l'AFP Grégory Depiere, directeur général du réseau Transdev à Saint-Denis (TRA). En mai 2016, la Ville de Nantes, avait pérennisé un dispositif similaire sur l'ensemble de ses dessertes nocturnes.

Manque de communication 

La mesure, qui s'inscrit dans un contexte de prise de conscience vis-à-vis des violences sexistes et du harcèlement de rue, est saluée par les usagères rencontrées par l'AFP. "C'est une bonne idée, surtout pour les mamans avec les courses", se réjouissent Cindy et Zay, deux jeunes femmes de 23 ans interrogées vers minuit à la gare routière de Bobigny Pablo-Picasso. "Ce serait bien de l'étendre aux autres bus. Parfois, en tant que femme seule, on flippe. Mais ce qui craint surtout c'est le métro et le RER", regrette quant à elle Delphine.

Le dispositif reste toutefois confidentiel. En se fondant sur les témoignages des chauffeurs, M. Depiere estime que seule une personne profite chaque soir de ces arrêts imprévus. Sur la ligne 620, rien n'indique la possibilité de sortir entre les arrêts prédéfinis. Ni dans le bus, ni aux arrêts, ni sur le site de la RATP. "Il y a eu une très grosse opération de communication à la genèse", se justifie M. Depiere. "Maintenant le plus grand vecteur c'est le bouche-à-oreille." "Je ne le rappelle pas aux passagers, sinon il y aurait de l'abus. Les gens voudraient s'arrêter partout", admet pour sa part un conducteur de la ligne 620. "Tout ça, c'est des arrêts en plus. Mais ce que les gens veulent avant tout, c'est des bus à l'heure", estime cet employé.