L'ionisation ou l'irradiation aux rayons gamma, une pollution alimentaire invisible

On le sait, l'alimentation produite par la grande industrie subit de nombreuses dénaturations. L'utilisation d'additifs ou le chauffage à haute température sont aujourd'hui clairement notés sur les étiquettes. La législation concernant d'autres pollutions invisibles semble par contre beaucoup plus floue. Ces pollutions plus discrètes sont-elles pour autant non toxiques? Pas si sûr.
par
ThomasW
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Auréolée d'un certain flou législatif, l'irradiation ou ionisation est un procédé de conservation alimentaire encore mal connu, bien qu'utilisé depuis le milieu des années 40. Cette méthode très coûteuse repose sur une technologie nucléaire.

Exposition à des rayons

Elle ralentit le mûrissement, inhibe la germination, détruit les agents contaminants tels que les bactéries (au risque, d'ailleurs, de générer des résistances et sans en détruire les toxines), les insectes et les micro-organismes dont certains sont pourtant parfois utiles. Dans des usines très particulières et peu nombreuses (on en dénombre sept en France et une en Belgique), les aliments sont exposés à des rayonnements radioactifs. Il peut s'agir de rayons gamma (cobalt 60 ou césium 137) émis par une source radioactive ou d'un flux d'électrons produit par un accélérateur de particules. L'unité de mesure de ces rayonnements est le Gray (noté Gy). Officiellement, ces rayonnements d'intensités variables de 100 Gy à 10 000 Gray (soit 10 kGy) sont présentés comme moins nocifs et moins destructeurs que d'autres moyens de conservation. Pourtant, du point de vue de la santé, même les doses dites «faibles» seraient mortelles si elles étaient appliquées à l'être humain.

La première dénaturation, la perte de vitamines

L'ionisation réduit la qualité nutritionnelle des aliments c'est-à-dire les taux d'acides aminés et de vitamines (notamment A, B1, B6, B12, C, E, K, PP et acide folique). Ce phénomène est reconnu par l'OMS. Cette perte vitaminique peut s'élever jusqu'à 80% dans le cas de la vitamine A des œufs par exemple ou à une diminution de 48% du bêta-carotène d'un jus d'orange frais.

Apparition de molécules toxiques

En pénétrant l'aliment, le rayonnement arrache des électrons aux atomes et casse des molécules. Cela génère des radicaux libres très réactifs. L'irradiation des lipides entraîne la formation de cyclobutanones, molécules totalement inconnues dans la nature et dont plusieurs études ont montré la toxicité. Selon les chercheurs, les taux de cyclobutanones dans les aliments irradiés sont tels qu'ils pourraient servir de moyen de détection afin de savoir si un aliment a été ionisé ou pas. Chez les personnes qui les ingèrent, ces particules toxiques peuvent entraîner des lésions chromosomiques et favoriser le développement de cancers ou de maladies cardio-vasculaires. Tout cela a été prouvé chez le rat (cancer du côlon).

Législation européenne

Selon la législation européenne, seules trois catégories d'aliments peuvent y être soumises: les épices, les herbes aromatiques séchées et les condiments végétaux. Cependant, huit États membres de l'UE (France, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Tchéquie, Hongrie et Italie) ont obtenu des dérogations qui autorisent l'irradiation d'autres aliments. Selon la loi européenne, chaque pays de l'UE devrait présenter un rapport annuel quantitatif et qualitatif de produits irradiés. Pourtant, peu de pays se soumettent aux contrôles et le taux de fraude est d'au moins 4%. Rassurez-vous, tout traitement ionisant est interdit dans les produits issus du secteur biologique.

Carol Panne

Cet article provient du magazine belge indépendant BIOTEMPO qui a pour credo: «Comprendre, changer, agir maintenant».