Un véhicule habillé de lin, pari pour le futur du secteur automobile, à Spa-Francorchamps

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Belga
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Une "Dyane" relookée et dont la carrosserie sera partiellement composée de fibres de lin prendra le départ de la mythique course des 24h 2CV de Spa-Francorchamps ce week-end des 6 et 7 octobre. Un test pour ce nouveau matériau composite, qui pourrait à l'avenir faire l'objet de recherches approfondies pour rendre le secteur automobile plus durable. Cette innovation pourrait aussi aider la filière du lin à se développer dans des domaines encore sous-exploités ou complètement inattendus. Sur les 81.300 hectares de lin cultivés en Europe, 15.000 le sont en Belgique dont 12.000 en Wallonie. Seule une entreprise wallonne s'est spécialisée dans la production et la transformation de ce matériau naturel, la firme Marchandisse & Fils à Villers-le-Bouillet (province de Liège). Plus d'une centaine de cultivateurs lui confient leur production.

Avec cette plante, rien ne se jette, tout se transforme. "Les graines sont à la base de la fabrication de l'huile de lin et de produits qu'on peut retrouver en pharmacie; les fibres courtes sont notamment utilisées dans le capitonnage automobile, servent dans le processus de fabrication du dollar américain ou encore dans la fabrication du papier à cigarette; les fibres longues sont envoyées en Chine et sont transformées en fil de lin", énumère Gilles Marchandisse.

Bien que fonctionnant à 100% de ses capacités, l'entreprise a la volonté de se développer et mise sur le lin comme matériau écologique. Les patrons de l'entreprise spécialisée villersoise, aidés de trois amis, ont ainsi eu l'idée de créer des parties de la carrosserie pour la mythique Dyane (Citroën) à l'occasion de la course des 24h 2CV sur le circuit de Spa-Francorchamps.

Ils ont reçu le soutien du Campus Automobile Spa-Francorchamps, un centre de formation dédié aux filières industrielles et automobiles. "Quand les frères Marchandisse nous ont contactés avec ce projet, nous y avons de suite adhéré. C'est ambitieux. Il a fallu une quarantaine d'essais avant de trouver la formule qu'on a aujourd'hui. C'est un pari sur l'avenir", souligne son directeur général, Jean-Michel Pirlot. "Le secteur automobile cherche continuellement des alternatives pour diminuer le poids des véhicules, avec notamment la fibre synthétique. Alors pourquoi pas le lin! Non seulement c'est une fibre naturelle donc écologique mais elle est en plus très résistante voire plus que le carbone de part sa flexibilité, particulièrement isolante au niveau du bruit, très légère (similaire au poids du carbone) et avec une belle esthétique au naturel, ce qui accentue encore le côté écologique."

Le composite retenu contient 60% de fibres de lin et sa fabrication fera l'objet d'un point supplémentaire dans le programme de formations du Campus. "Nous verrons comment la voiture va résister lors des 24h 2CV. Mais je suis confiant. Je ne serais pas étonné qu'à l'avenir on retrouve ce genre de composite les voitures de tout un chacun. La seule complexité serait d'industrialiser sa fabrication", d'après M. Pirlot.

Source: Belga