La saison des Nobel s'ouvre sans la littérature

La médecine ouvre aujourd'hui une saison Nobel 2018 privée de son prix de littérature après son retentissant report, pour la première fois depuis près de 70 ans, par une Académie suédoise en lambeaux.
par
Camille
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Après la médecine annoncée à 11h30 à Stockholm suivront la physique demain, la chimie mercredi et l'économie lundi 8 octobre. Entretemps à Oslo, le 5 octobre, sera dévoilé le lauréat du Nobel de la paix.

L'annonce du ou des lauréats du prix de «physiologie ou médecine» est attendue quelques minutes après le prononcé du verdict dans le procès de Jean-Claude Arnault, considéré comme le fossoyeur du prix de littérature. Ce Français installé depuis le début des années 1970 à Stockholm encourt plusieurs années de prison pour le viol en 2011 d'une jeune femme, révélé dans la foulée du mouvement #MeToo en novembre 2017. Le scandale a mis au jour les liens étroits entre Jean-Claude Arnault, marié à une académicienne, et l'Académie suédoise qui finançait son club stockholmois et observait le mutisme complet sur ses écarts de conduite pourtant notoires, selon ses accusatrices.

Les 18 académiciens se déchirent depuis sur la façon de gérer la crise. Plusieurs d'entre eux se sont mis en congé de l'institution, incapable dès lors de fonctionner et en particulier de sélectionner un Nobel. Pour la première fois depuis 1949, le prix de littérature est donc reporté et sera annoncé l'an prochain en même temps que le prix 2019. Si tout va bien...

Mukwege, Moon Jae-in, ou encore... Trump

Sans la littérature, il n'y aura guère que la paix pour faire pleinement briller l'éclat des Nobel cette année. L'Institut Nobel a reçu cette année 329 candidatures valides, y compris celles avancées par les cinq membres du comité attribuant le prix, eux aussi autorisés à proposer des noms.

Celui du président américain Donald Trump a été évoqué pour ses efforts en faveur de la réconciliation sur la péninsule coréenne et sa main tendue au dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. Mais de l'avis de Dan Smith, directeur de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), récompenser le locataire de la Maison Blanche serait «inopportun» après son retrait d'accords multilatéraux sur le climat et l'Iran notamment.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a également été cité. «Prématuré», poursuit Dan Smith qui rappelle les désillusions après l'attribution du prix de la paix à son prédécesseur Kim Dae-jung en 2000. Parmi les autres noms avancés figurent le célèbre chirurgien congolais, le Dr Denis Mukwege, et la Yazidie Nadia Murad, qui combattent tous deux les violences sexuelles.