La surdensité de sangliers menace la vipère péliade

Une récente étude scientifique publiée dans la prestigieuse revue «Animal conservation» démontre que la surdensité de sangliers en Wallonie conduit une de nos trois espèces de serpent à l'extinction! Natagora demande une régulation des populations de sangliers respectant l'équilibre des milieux et des espèces les plus fragiles et les plus menacées.
par
ThomasW
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À ce jour, peu d'études ont mis en évidence l'impact des sangliers sur la biodiversité en Wallonie. Publiés dans la prestigieuse revue «Animal conservation», les résultats d'une récente étude sur la disparition de la vipère péliade démontrent concrètement l'ampleur du problème.

Une étude de longue haleine

Un suivi intensif, réalisé durant 12 ans sur la majorité des populations wallonnes de ce serpent, révèle que sur tous les sites où les densités de sangliers ont augmenté, les populations de serpents ont rapidement disparu ou sont proches de l'extinction. À l'inverse, sur les rares sites où les sangliers ne sont pas ou peu présents, le nombre de serpents est stable.

Ph. Hubert Baltus / Natagora

L'essor du sanglier

L'augmentation des densités d'ongulés sauvages depuis plusieurs décennies, en Wallonie et ailleurs en Europe, a indéniablement un impact considérable sur l'espace rural. Outre leurs impacts sur l'activité agricole et la régénération forestière, les impacts environnementaux causés par les surdensités de sangliers sont nombreux: ils perturbent les sols, mangent et détruisent une grande variété de plantes et d'animaux.

Si cette augmentation trouve en partie sa source dans les hivers plus cléments et le vieillissement de la forêt, il faut bien constater que la surdensité du sanglier arrange bien certaines sociétés de chasse qui tirent profit de cette activité particulièrement lucrative. Il n'est dès lors pas surprenant que ces acteurs aient tout intérêt à accroître le problème avec les pratiques de nourrissage, ou en donnant des consignes de tir visant à épargner les laies.

Un impact jusque dans les aires protégées

L'étude met en évidence que les populations de serpents situées dans les espaces protégés comme les réserves naturelles sont encore plus impactées que les autres car ce sont des zones refuges pour les espèces protégées, comme le veut la législation. Elles bénéficient également d'une réelle quiétude, ce qui les rend, contre toute volonté, très attractives pour les sangliers, particulièrement en période de chasse.

Afin de se prémunir contre les dégâts, Natagora est de plus en plus souvent contrainte de mettre en place des solutions: installation de coûteuses clôtures anti-sangliers afin d'éviter leurs incursions depuis les espaces forestiers, opérations de destruction, etc.

Une autre gestion doit être envisagée

Pour Natagora, il convient de réguler drastiquement et durablement les populations de sangliers impliquant notamment la gestion des «points noirs». À cette fin, l'étude précise qu'il est urgent de prendre des mesures comme l'interdiction du nourrissage et le ciblage des tirs sur les laies afin de réguler les surpopulations de sangliers. Ces deux mesures doivent toutefois s'inscrire dans un plan d'action «Sangliers» définissant des objectifs clairs, mesurables et mesurés.