Rencontre avec Pieter Pauwels, un collectionneur de baskets

Faire de votre hobby un métier. C'est un rêve pour beaucoup, c'est une réalité pour le collectionneur de baskets Pieter Pauwels. À 13 ans, il a acheté sa première paire de baskets. Vingt ans plus tard, il est le gérant de trois boutiques de baskets et de streetwear à succès - Panthers et Locker Room - à Gand et à Bruxelles. «?Avant, je me disais que j'étais taré. Aujourd'hui, je suis un pionnier?!?»
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

L'entrepreneur et collectionneur de baskets Pieter Pauwels aime s'habiller de la tête aux pieds en streetwear. Lorsque je le rencontre dans son bureau à Berlare, une paire d'Air Jordan brille à ses pieds. Et ce n'est -bien entendu- pas un hasard.

La Rolex du pauvre

«?Au total, je possède environ 500 paires de baskets. Près de 60?% sont des Jordan. Michael Jordan est une sorte de dieu pour moi. Je l'adore depuis que j'ai vu à 12 ans le film ‘Space Jam' (un film sur la vie de la légende du basket, NDLR). Les Jordan sont la Rolex du pauvre: elles ne sont pas bon marché, mais quand même accessibles. J'en fais un point d'honneur de m'acheter toujours la toute dernière paire de Jordan. C'est devenu une sorte de symbole de prestige??», déclare-t-il. Pieter Pauwels ne dépense pas seulement beaucoup d'argent à l'achat de paires de Jordan, il a même dédié sur son mollet un morceau de peau à l'image du célèbre sportif.

«?Les clients comprennent totalement ce tatouage. Mon style vestimentaire affirmé est véritablement une plus-value dans mon commerce. Je me rends compte que je suis très chanceux, car je suis ingénieur commercial de formation. Imaginez un peu si je devais travailler dans une banque, je devrais en permanence me réfréner sur le plan vestimentaire?!?»

Ce qu'on apprend au berceau dure jusqu'au tombeau

Sa passion pour les baskets s'est déclarée à un âge précoce. C'est logique, auriez-vous tendance à dire. Pas quand on sait que Pieter Pauwels est né et a été élevé dans la commune rurale de Merelbeke, où à l'époque on ne voyait pas de baskets à des kilomètres à la ronde. «?J'étais vraiment un extraterrestre."Pendant des années, j'ai dû essuyer des critiques tous les jours. Aujourd'hui encore, des gens me demandent pourquoi je porte des chaussures jaunes.?»

Dans son entourage, il y avait bien des gens qui aimaient le hip-hop ou le basketball, mais pas avec une telle intensité. Ce n'est que quand il est allé à Paris avec son père qu'il a rencontré des âmes sœurs. «?J'avais bien des amis du basketball, mais ils n'étaient pas fans de hip-hop. Et, à l'inverse, je connaissais beaucoup d'amateurs de hip-hop, mais ils ne se souciaient pas de leurs vêtements. Tandis que moi je partais dans ces deux directions. C'est à Paris que j'ai vu pour la première fois des "âmes sœurs". C'est alors que mes yeux se sont vraiment ouverts, je n'en avais que pour les boutiques de baskets. Alors que mon père voulait en fait faire un voyage culturel.?» (rires)

La collectionnite aiguë

La collectionnite s'est véritablement déclarée quand Pieter Pauwels est parti en kot à 18 ans. «?Je recevais tous les mois une somme sur une carte Visa pour vivre. C'est alors que je me suis mis à acheter, acheter et encore acheter comme un dingue. Il s'en est fallu de peu pour que les huissiers ne se présentent à ma porte??», explique-t-il. Au début, il achetait ses chaussures en Belgique surtout, mais dès qu'il a eu une voiture, il passait la frontière pour acheter la paire parfaite.

Aujourd'hui encore, il s'offre toutes les semaines une nouvelle paire de baskets. «?Avant que je n'ouvre mes boutiques Panthers, je possédais déjà une belle collection de baskets, mais maintenant il n'y a plus de limite?! Vous pouvez comparer cela à un alcoolique qui exploiterait un café: vous êtes à la source, ce qui est bien évidemment une situation dangereuse?! D'autant plus quand on sait combien de baskets sont commercialisées.?»

Un big business

Ces dix dernières années, les baskets sont devenues un big business. Pour des éditions spéciales et des collaborations exclusives, les fans font souvent la file pendant des heures et, en ligne aussi, les tirages spéciaux se vendent dans des temps record. Des situations qui sont très reconnaissables pour Pieter Pauwels. «?Je pense que c'est en 2011 que j'ai eu pour la première fois une file d'attente d'environ 50 personnes devant ma boutique pour la sortie d'une nouvelle paire de Jordan. À l'époque, c'était exceptionnel, aujourd'hui il y a souvent 500 personnes qui trépignent devant la vitrine lors de la commercialisation d'un nouveau modèle. Les gens font des choses dingues pour pouvoir obtenir une certaine paire de baskets. Je suis régulièrement contacté par des personnes riches qui veulent m'offrir le quintuple du prix pour que je mette de côté une paire de baskets. Si je le voulais, je pourrais manger gratuitement dans de nombreux endroits ou me faire mettre sur la guest-list de clubs populaires en échange d'une paire de baskets. Mais tout cela n'est rien à côté de l'amour dans les yeux d'un amateur de baskets qui s'achète une nouvelle paire de chaussures?!?»

On ne s'étonnera donc pas d'apprendre que de toute sa vie Pieter Pauwels n'a encore jamais jeté ou revendu en seconde main la moindre paire de baskets. «?Mes baskets sont un peu comme mes enfants??», conclut-il.