Cycle menstruel : connaissez-vous le flux instinctif libre ?

Et si les femmes n'avaient pas ou plus besoin de protections périodiques? Vous avez peut-être entendu parler du flux instinctif, free flow instinct ou encore flux instinctif libre. Il s'agit de ressentir quand le sang des règles afflue vers le vagin et d'aller l'évacuer aux toilettes. Les promesses de cette méthode: une maîtrise de son corps, une sensibilité accrue et le rêve d'en finir avec les protections menstruelles.
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

Mythe ou réalité

Très en vogue en France, de nombreuses blogueuses tentent l'expérience et vantent les mérites du flux instinctif. Toutefois, la façon de pratiquer le flux instinctif semble floue et les informations manquent pour celles qui voudraient se lancer. Alors, le flux instinctif, mythe ou réalité? Au planning familial Aimer à l‘ULB, les gynécologues confient ne pas connaître la méthode en terme médical.

«Mais j'ai plusieurs patientes qui sont venues me voir pour me poser des questions sur le sujet», affirme l'une des médecins. De prime abord, les gynécologues ne voient pas ce qui serait dangereux avec le flux instinctif. Elles demandent même à en savoir davantage sur le sujet.

Le flux instinctif dans la vraie vie

Pour le site internet bioinfo.be, le problème avec le flux instinctif est qu'il est méconnu et que de fausses informations circulent: «Les détracteurs du flux instinctif libre mettent en avant le fait qu'il est impossible de contrôler l'écoulement du flux menstruel car le vagin n'est pas pourvu de sphincter et le col de l'utérus n'en est pas un. C'est tout à fait juste. Retenir le sang comme on retient l'urine ou les selles n'est pas possible. Mais ressentir à quel moment le sang doit être évacué et contracter légèrement le périnée le temps d'aller aux toilettes est par contre un apprentissage auquel chacune peut s'essayer.»

Le flux instinctif n'est pas une méthode, une technique particulière qui serait la même pour toutes les femmes. C'est essayer de se mettre au diapason de son corps et de sentir quand l'écoulement de sang se fait. Cela peut être plus rapide pour certaines que pour d'autres. Le flux instinctif ne promet pas une efficacité maximale en un ou deux cycles menstruels, mais comme le rappellent les adeptes cela ne coûte rien d'essayer.

Ce qui fascine les femmes qui ont essayé le flux instinctif ce n'est pas «l'étanchéité» de la méthode. Il faut aller aux toilettes plus souvent, la toux ou les éternuements peuvent provoquer des fuites, et parfois les témoins couplent cette méthode avec le port d'une protection légère. Mais comme l'affirme Laetitia, créatrice de la chaîne Youtube La Maison, le corps l'esprit, elle a ressenti davantage les mécanismes internes de son corps et réalisé que, pour sa part elle ne saignait pas temps que ça. Dans un journal de règles qu'elle tient en vidéo, la jeune femme fait le bilan du premier, troisième et sixième mois de mise en pratique du flux instinctif.

Pour la bloggeuse belge Clémentine Couplet qui a écrit une série d'articles sur le flux instinctif, il n'y a pas de recette miracle. Les récits des autres femmes permettent simplement de «tracer sa route vers soi» et d'être à l'écoute de son propre corps. La jeune femme est à l'initiative d'un groupe Facebook sur le sujet: Flux libre instinctif qui recense plus de 3.000 membres.

À l'écoute de ces témoignages, on comprend qu'avec le flux instinctif libre le plus dur, c'est d'être à l'écoute de son corps, et d'accepter de prendre son temps. Si l'envie de naturel prime sur le zéro fuite, pour certaines femmes c'est parce que le flux instinctif libre répond à une mouvance, comme le rapporte la psychologue de Savoir Aimer à l'ULB,: «C'est dû à la prise de conscience de combien on a consommé et consumé… On en revient à avoir envie de choses simples et naturelles.»

Et les autres protections périodiques alors?

«La coupe menstruelle, c'est très bien», nous rappelle-t-on au centre de planning familial de l'avenue Jeanne, mais les femmes qui portent des stérilets doivent faire attention. «Les gynécologues remarquent que l'utilisation de la coupe menstruelle avec le stérilet peut faire une aspiration qui déplace le stérilet et donc la contraception n'est plus efficace.»

Quant aux tampons, le danger est de mettre un tampon en dehors de ses règles, «certaines le mettent au moment de l'ovulation quand il y a des pertes vaginales plus importantes, ce qui n'est pas bon du tout.»

Menstruations, la fin d'un sujet tabou

Sujet longtemps tabou, les règles semblent sortir du placard et faire partie du débat public. L'Écosse propose depuis peu aux élèves et étudiantes la gratuité des protections périodiques, faisant des menstruations un sujet de santé publique. Quant à la représentation des règles, elle a évolué avec les années, le sang bleu des publicités pour serviettes hygiéniques ayant laissé place l'an dernier à une publicité mettant en scène la vraie couleur du sang.

Acceptation de soi? Recherche d'une compréhension corporelle? Extrémisme pour certains ou manque de praticité? Chaque femme peut tester quelles protections ou méthodes lui convient le mieux, et sans doute changer et encore changer au fils des années. Ce que l'on retient de ces questions de société et du flux instinctif, c'est que le corps féminin n'a pas fini d'étonner.