Une étudiante belge accusée de "terrorisme" au Nicaragua

Une étudiante opposée au gouvernement du président nicaraguayen Daniel Ortega, de nationalité belge et nicaraguayenne, a été accusée mercredi par la police d'avoir commis des "actes terroristes", à l'instar d'autres militants étudiants arrêtés récemment.
par
Marie
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Amaya Coppens, 23 ans, est accusée d'avoir été parmi les meneurs qui ont érigé des barricades et d'avoir incendié un bâtiment de l'université lors des manifestations contre le gouvernement dans la ville de Leon où elle est étudiante en 5e année de médecine.

«Nous pouvons voir sur ces images la terroriste Amaya Eva Coppens qui dirige les barricades dans la ville de Leon», a déclaré en conférence de presse le chef adjoint de la police judiciaire, le commissaire Farle Roa Traña en montrant des photos.

La jeune femme, arrêtée lundi à son domicile de Leon, a été présentée par la police à la presse avec cinq autres jeunes également interpellés pour leur participation aux manifestations antigouvernementales.

Parmi ses codétenus figurent Yubrank Suazo, un dirigeant étudiant de la ville de Masaya (sud), âgé de 27 ans, également arrêté lundi. Il est accusé de terrorisme, assassinat, agressions ainsi que de huit autres délits.

La police a affirmé avoir saisi lors des arrestations «trois fusils de chasse et un pistolet de calibre 25».

Des accusations montées de toutes pièces selon son père

Interrogé mercredi sur les ondes de la RTBF, le père de l'étudiante interpellée a estimé que les accusations de terrorisme portées contre sa fille étaient "montées de toutes pièces" par le régime en place "qui détient tous les rouages de l'Etat", a affirmé Frédéric Coppens. Les Affaires étrangères suivent le dossier de près. "Les autorités reconnaissent l'étudiante comme étant nicaraguayenne, étant donné qu'elle possède la double nationalité. Cela peut compliquer les choses", explique un porte-parole du ministère belge.

"Des contacts ont été pris avec l'ambassade belge du Panama (compétente pour le Nicaragua, NDLR)", a assuré le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders à l'agence Belga. En l'absence d'évolution positive, il rencontrera son homologue nicaraguayen en marge de l'assemblée générale de l'ONU fin septembre pour évoquer le dossier.

Une crise politique depuis le 18 avril

La crise politique a commencé le 18 avril par des manifestations contre un projet de réforme de la Sécurité sociale aujourd'hui abandonné. Lors de celles qui ont suivi, réprimées dans le sang avec plus de 320 morts et 2.000 blessés, les manifestants ont demandé le départ du président.

Le leader étudiant Edwin Carcache, qui figure parmi les délégués de l'opposition pour le dialogue avec le gouvernement sous les auspices de l'Église catholique, a été présenté mardi à un tribunal de Managua qui l'a placé en détention provisoire pour "terrorisme" et sept autres délits. Il a paru confus et a fait des déclarations incohérentes devant le tribunal, selon des images transmises par la télévision Canal 10 de Managua.