Samira Wiley : "J'avais peur qu'on me colle l'étiquette de l'actrice gay"

Révélée dans « Orange is the New Black », Samira Wiley confirme son statut de star de la télévision dans « La servante écarlate ». Entretien.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

Si Samira Wiley a joué dans plusieurs productions télévisuelles ("Unforgettable", "Person of interest") et cinématographiques ("Monsieur Flynn", "Baby-sitter malgré lui"), c'est le personnage de Poussey qu'elle incarne depuis 2013 dans "Orange is the new black" qui l'a propulsée au rang de stars les plus en vogue de la télévision. Celui-ci lui a ouvert les portes de la série "La Servante écarlate", véritable phénomène du petit écran mettant en scène un futur où les Etats-Unis sont devenus un régime autoritaire ultra-religieux. L'actrice de 31 ans y joue le rôle de Moira, une jeune femme gay enfermée dans un rôle de servante dont la seule destinée est d'être mère-porteuse pour des couples fortunés.

Après "Orange is the new black", vous interprétez à nouveau un personnage gay dans "La Servante écarlate", était-ce voulu?

«Non, justement. A la base, je ne voulais pas jouer Moira parce que je n'avais pas envie qu'on me colle l'étiquette de l'actrice gay. Je voulais montrer que je savais jouer d'autres rôles. Mais, ma femme (Lauren Morelli, Ndlr.) m'a convaincue du contraire. Et finalement, elle a bien fait!»

AFP

Recevez-vous des messages de personnes gays à qui vous avez donné le courage de faire un ‘coming-out'?

«Je reçois régulièrement beaucoup de messages de jeunes qui n'ont pas eu le soutien de leurs parents lorsqu'ils leurs ont annoncé qu'ils étaient gays ou qui pensent au suicide. Quand je rencontre ces histoires face-à-face, je me rends compte du poids que mon personnage peut avoir sur le public et en dehors des frontières. Rien que d'en parler, ça me donne les larmes aux yeux.»

Avez-vous souvent affaire à des «haters»?

«Oui, il y en a. Mais, en tant qu'acteur, il ne faut pas prendre que le positif. Il faut savoir écouter les avis de chacun. Avoir une opinion différente, c'est justement ce qui n'est pas permis dans ‘La Servante écarlate' et on trouve ça totalement injuste.»

Pensez-vous que «La Servante Ecarlate» a voulu rebondir sur le mouvement #MeToo?

«La série n'a pas été écrite sur base du mouvement #Metoo mais je pense que rien n'arrive par accident. C'était le moment de diffuser ‘La Servante écarlate'. Le mouvement #Metoo montre à quel point la femme peut être forte. Je suis très fière que certaines osent se faire entendre pour cela. Lorsqu'on a tourné la série, on ne savait pas non plus que Donald Trump allait être élu président des Etats-Unis. Son élection a donné une autre dimension à la série. On peut dire que ‘La Servante écarlate est une sorte de message de prévention.»

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez découvert le scénario de la deuxième saison de «La Servante écarlate»?

«Je me suis dit: ‘C'est fou!' En fait, c'était une surprise car c'était une nouvelle matière, qu'on ne pouvait retrouver nulle part ailleurs. Franchement, je m'identifie à ces personnes qui disent avoir du mal à regarder la série car le sujet est difficile à accepter. C'est normal qu'il affecte tout un chacun. Moi-même, ça m'affecte, en lisant le scénario, en tournant et même après. Mais, il faut se dire qu'on a le privilège de ne pas vivre une histoire comme celle de ‘La Servante écarlate'.»

Quel personnage préférez-vous entre Poussey d' "Orange is the new black" et Moira de "La Servante écarlate"?

« Je dirais que Moira est un personnage beaucoup plus éloigné de moi. Celui de Poussey m'a révélé au grand public, c'est lui qui m'a ouvert les portes d'autres rôles. Pour moi, Poussey est une fille sympa qui a de chouettes amis. C'est clairement mon meilleur rôle. »

A quels rôles aimeriez-vous vous frotter dans l'avenir?

« Je suis à la recherche de rôles qui traitent de connexions humaines. J'aimerais, par exemple, jouer une maman. En fait, j'ai envie d'interpréter des personnages totalement différents de ceux que j'ai déjà pu interpréter. J'ai fait beaucoup de télévision ces dernières années donc j'aimerais aussi me tourner à nouveau vers le théâtre. La scène me manque et j'aimerais ajouter quelques pièces de théâtre à ma carrière d'actrice que je veux de différentes couleurs. » (jc)