Les émouvantes retrouvailles de familles divisées depuis la Guerre de Corée

Des larmes, des cris, des rires... Plusieurs dizaines de Sud-Coréens ont lundi serrer dans leurs bras leurs parents du Nord qu'ils n'avaient plus revus depuis la Guerre de Corée (1950-1953), à l'occasion de retrouvailles poignantes.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

Une nouvelle série de bouleversantes réunions de familles, les premières du genre depuis trois ans, ont débuté dans la station de montagne nord-coréenne du Mont Kumgang. Elles ont été l'occasion d'embrassades émouvantes entre des personnes forcément âgées qui ont été contraintes de vivre leur existence séparées, de part et d'autre du ruban de mines et de barbelés qui divise la péninsule coréenne depuis 65 ans.

Quand Han Shin-ja, une Sud-Coréenne de 99 ans, s'est approchée de leur table, ses deux filles de 69 et 72 ans qui l'attendaient ont respectueusement incliné la tête, avant de fondre en larmes. Mme Han a également craqué de façon immédiate, avant d'écraser ses joues contre celles de ses filles. "Quand j'ai dû fuir pendant la guerre...", a-t-elle tenté de se justifier avant de renoncer, laissant ses larmes témoigner de son émotion.

Le temps est compté

Des millions de personnes ont été séparées de membres de leur famille par ce conflit qui a scellé la division hermétique de la péninsule. Aucun traité de paix n'ayant été signé, Nord et Sud sont encore, techniquement, en état de guerre, et toute communication civile est rigoureusement proscrite.

Depuis 2000, les deux camps ont organisé 20 séries de réunions de familles, au gré de l'amélioration des relations bilatérales. Celles qui ont débuté lundi se veulent une illustration supplémentaire de la remarquable détente entre le Nord et le Sud, après des années de montée des tensions en raison des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang. Mais, 65 ans après l'armistice, le temps est compté pour les survivants.

"Voici papa"

Lee Keum-seom, 92 ans, est aujourd'hui une petite dame fragile. Elle a revu lundi son fils pour la première fois depuis que la guerre les a séparés, la mère et la fille au Sud, le père et le fils au Nord. A l'époque, le fils Ri Sang Chol était un bambin de quatre ans. Mme Li a crié son nom quand elle l'a aperçu, avant de le prendre dans ses bras.

Ri Sang Chol lui a montré une photo de sa famille au Nord, y compris de son mari désormais décédé: "Voici papa", a-t-il dit. "Je n'avais jamais imaginé que ce jour arrive", avait déclaré à  Mme Lee avant de partir. "Je ne savais même pas s'il était en vie."

D'ici mercredi, les participants passeront environ 11 heures avec les membres de leur famille au Nord, souvent sous la supervision d'agents nord-coréens, avant de se séparer à nouveau, probablement pour toujours. Ceux qui ont participé par le passé à ces rencontres ont souvent regretté que ce soit trop court. La plupart ont aussi raconté à quel point les "adieux", à la fin des trois jours, pouvaient être éprouvants.