Peut-on encore manger du poisson?

Diététique, festif, riche en nutriments, le poisson est un aliment santé. Mais quel poisson choisir ? Appauvrissements des stocks, prix de plus en plus élevés, pollution aux métaux lourds, le consommateur ne sait plus trop à quelle nageoire se vouer. BIOTEMPO vous aide à faire le bon choix.
par
Marie
Temps de lecture 4 min.

Les océans vont mal

Selon la FAO, 52% des stocks des deux cents espèces les plus commercialisées, sont pleinement exploités. On ne peut donc plus intensifier leur pêche. Par ailleurs, 19% sont surexploités et 8% sont épuisés. Seuls 20% des poissons sont aujourd'hui considérés comme « modérément exploités ». Un chiffre malheureusement en diminution constante (ils étaient 40% en 1974). Et seul 1% est en voie de reconstitution. Plus près de nous, en Atlantique Nord-est, près de 40% des stocks sont surexploités.

On a cru que la mer était inépuisable ! Ce n'est pas le cas. « Contrairement aux termes souvent employés, la pêche n'est pas une production. C'est un ''prélèvement'' dépendant d'une ressource naturelle et d'un territoire. C'est parce que nous avons malheureusement ignoré ces évidences fondamentales que l'état général des ressources de pêche dans le monde est très préoccupant. On pêche trop, mal et depuis trop  longtemps », selon « Mr. Goodfish », un programme européen qui a pour but de sensibiliser le public et les professionnels à la consommation durable des produits de la mer.

Surpêche et techniques

Les responsables ? C'est d'abord la surpêche, mais aussi les techniques de pêche en elles-mêmes. Les bateaux sont devenus de plus en plus puissants et les techniques de repérages ont gagné en performances. Certaines sont destructrices et peu sélectives, comme les filets dérivants ou la pêche de fond. Elles ne capturent pas seulement les espèces commerciales que nous consommons, mais aussi bien d'autres qui sont ensuite rejetées à la mer. C'est ce que l'on nomme la pêche accessoire. Un exemple ? Celui des chaluts destinés à la pêche à la crevette. « C'est  une des techniques de pêche qui engendre le plus de prises accessoires », avertit-on du côté du WWF. « Pour un kilo de crevettes, on compte 5 à 20 kg de prises accessoires : des tortues marines, de jeunes poissons, des cétacés, des dugongs, des requins, des hippocampes, des oiseaux marins… ». Au total, on estime que 25% des poissons pêchés sont rejetés morts à la mer parce qu'ils n'appartiennent pas aux espèces commerciales appréciées par les consommateurs. 27 millions de tonnes par an !

Certains chaluts et certaines dragues ont aussi un impact indirect sur les fonds marins qui peut se révéler catastrophique en entraînant la destruction de certains habitats vulnérables comme les récifs de corail qui servent de nurseries et de zone de frai à de nombreuses espèces marines.

Peut-on encore manger du poisson ?

Oui, en achetant moins et mieux : en choisissant les poissons pêchés ou élevés de façon durable et en évitant les espèces en voie d'extinction. Plusieurs labels existent pour vous aiguiller : 

  • MSC C'est le plus vaste et le plus ancien programme mondial de labellisation et de valorisation de la pêche durable. msc.org
  • ASC: Petit frère du MSC, ce label vise à généraliser une aquaculture plus durable. asc-aqua.org
  • Friend of the Sea (FOS) : Mis sur pied par l'ONG américaine Earth Island Institute, ce label certifie à la fois pêche durable sauvage et aquaculture. friendofthesea.org
  • Label Rouge: Ce fameux label français de qualité n'est pas réservé qu'aux produits de l'agriculture. Il concerne aussi les produits de la mer et de l'aquaculture. labelrouge.fr
  • Choisir la bonne espèce

    Ne mangez pas trop souvent les poissons dont les stocks sont bas. Ne consommez plus les espèces en danger ou dont les conditions de pêche sont très contestées (thon rouge, anguille, cabillaud selon origine, bar de chalut, espadon, sole...). Ne vous fiez pas au seul nom commercial, qui peut varier selon les pays ou être ambigu. Le nom latin de l'espèce ainsi que le nom usuel doit se retrouver sur l'emballage du poisson que vous achetez, ou votre commerçant doit être en mesure de vous le fournir.

    Il existe de nombreux poissons méconnus et délicieux dont les stocks sont jugés satisfaisants (églefin, roussette, grondin perlon, petite vive, tacaud…). D'une façon plus générale, mangez aussi des fruits de la mer situés plus bas dans la chaîne alimentaire comme les palourdes, huîtres, anchois, sardines, etc. Cela permettra aux espèces situées en haut de la chaîne, comme le thon, le saumon ou l'espadon, de se rétablir. 

    Cet article provient du magazine belge indépendant BIOTEMPO qui a pour credo: « Comprendre, changer, agir maintenant ».