Les légumes de Fukushima ne séduisent pas les consommateurs

Les potirons sont finement coupés, les poulets hachés menu et les œufs battus en omelette... Mais les cuisiniers sont ici des laborantins chargés de calculer le niveau de radioactivité des denrées agricoles de la province de Fukushima.
par
Camille
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Sept ans après l'accident nucléaire de mars 2011, provoqué par un tsunami qui a ravagé la côte du Japon, les produits cultivés à Fukushima ne pose plus problème en termes de contamination nucléaire. Plus aucun produit agricole ne dépasse la limite de 100 becquerels par kilogramme (Bq/kg) fixée par le gouvernement japonais, bien en-deçà des normes habituelles dans l'Union européenne de 1.250 Bq/kg. Pourtant, les paysans de la région sont encore souvent confrontés à la suspicion des consommateurs.

"Nos produits sont sûrs"

Haricots, tomates, aubergines, pêches, pommes... chaque jour, plus de 150 échantillons sont préparés, pesés puis passés au crible d'un "détecteur germanium", avec des résultats connus en 10 à 33 minutes. Le riz, lui, est soumis à un contrôle systématique qui n'a détecté aucune contamination anormale depuis la récolte de 2015.

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Les pêcheurs en difficulté

Au fil des ans, le secteur agricole, qui était florissant avant le désastre, s'est redressé mais "les recettes n'ont pas encore retrouvé leur niveau d'avant 2011 et les prix restent au-dessous de la moyenne nationale", déplore un représentant de la préfecture, Nobuhide Takahashi.

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Du côté des pêcheurs, la situation est plus dramatique: s'ils vivent bien grâce aux dédommagements financiers payés par Tepco, l'exploitant de la centrale accidentée, les prises de poissons restent bien inférieures au passé: en 2017, elles se sont réduites à 3.200 tonnes, contre 24.700 en 2010. Outre les dégâts du tsunami qui ont détruit les installations portuaires, le secteur souffre de sa mauvaise réputation malgré, là aussi, un système de contrôles très strict (à 50 Bq/kg) qui montre un net déclin de la radioactivité. "Quand nous attrapons du poisson et que nous l'envoyons au marché de Tokyo, certains ne veulent pas l'acheter", déplore Kazunori Yoshida, directeur de la coopérative de pêche d'Iwaki.