Pour les soldes, la marque belge Made & More décide... de ne pas faire de soldes

La marque belge de vêtements Made & More souhaite rendre l'univers du textile durable. Pour lutter contre la surconsommation, elle ne fait pas de soldes classiques comme le font actuellement les grandes marques. «Nous préférons proposer au client de choisir entre trois prix, dont deux réduits. Cela lui permet de comprendre ce qui se cache derrière le vêtement qu'il achète», explique Maxime Heutz, cofondateur de la marque.
par
Camille
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La plupart des magasins profitent du début de l'été pour liquider leurs vieilles collections via les soldes. Pas vous. Pourquoi?

«Nous avons décidé de ne pas faire de soldes, en tout cas, pas de soldes classiques. Cela répond à notre préoccupation de ne pas encourager la surconsommation. Chaque année, en Europe, quatre millions de tonnes de vêtements sont jetées. On ne veut pas encourager ce phénomène. On préfère inciter nos clients à consommer moins, mais mieux.»

Vous proposez des «soldes alternatives»…

«Au lieu de tout vendre à -40% ou -50%, comme le font certains, on propose au client de choisir entre trois prix, dont deux réduits. Le prix le plus bas permet de couvrir les frais de production. Le prix moyen rémunère, en plus, le personnel de Made & More. Et le prix plein, lui, couvre les frais de production, nos salaires, et finance la création de nouveaux vêtements. Un tee-shirt pour homme vendu au prix plein de 55 € coûte ainsi 49,5 € au prix intermédiaire, et 44 € au prix minimum.»

Cela permet de rendre une marque durable?

«C'est un élément qui contribue à révolutionner la manière de voir la mode, que nous souhaitons rendre durable. À côté de cela, nous produisons des pièces dans des tissus naturels, de la laine ou du coton bio plutôt que du polyester par exemple, car c'est moins polluant. Ces produits sont solides, et garantis à vie: si une couture cède, on répare le vêtement. Cela doit favoriser le ‘zéro déchet'. Nous jouons également sur la transparence: chaque vêtement est équipé d'un QR Code qui renvoie vers l'atelier où le vêtement a été fabriqué.»

Pour la plupart des marques, les soldes sont l'occasion d'écouler les invendus. Que ferez-vous des vôtres?

«Ils seront remis en vente sur le site, au prix normal. Le fond de notre démarche est de faire prendre conscience au consommateur de la valeur de ce qu'il achète. On ne cherche pas à s'inscrire dans la démarche de ‘fast fashion' de marques qui remplacent très régulièrement leurs collections. On peut donc continuer de proposer ces produits à la vente.»

Le secteur textile, bête noire de l'écologie

Les fabricants de vêtements sont régulièrement pointés du doigt, accusés de ne pas respecter les droits sociaux des employés et de nuire à l'environnement. Chaque année, 130 milliards de pièces de textile sont produites. Dans le monde, 25% des pesticides servent à cultiver le coton nécessaire à cette production. Le textile requiert également beaucoup d'eau. Il faut 2.700 litres pour produire un tee-shirt (culture et fabrication), et entre 7.000 et 11.000 litres pour un jeans. Le polyester, utilisé pour la conception de vêtements très bon marché, est issu du pétrole: il en faut 1,5 litre pour produire 1 kg de cette matière. Un rapport de l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature), prévient qu'à chaque lavage, cette matière relâche des microparticules qui terminent dans l'environnement.