Les pesticides à l'origine d'un surpoids chez les souris mâles selon une étude

Des chercheurs qui ont exposé sur une longue durée des souris à un "cocktail de pesticides" faiblement dosé ont noté un surpoids chez les mâles, et pas chez les femelles, a annoncé mercredi l'Inra.
par
Marie
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L'étude apporte "des arguments" pour considérer comme plausible "un lien entre l'exposition aux pesticides et le développement de maladies métaboliques telles que l'obésité et ses complications", a affirmé dans un communiqué l'Institut national de la recherche agronomique.

Les pesticides, substances que l'agriculture moderne emploie contre les nuisibles, sont aujourd'hui très présents dans notre alimentation.

"Quantifier les doses auxquelles nous sommes exposés est extrêmement difficile. On a choisi d'exposer ces souris, proportionnellement, à des doses définies comme non toxiques, l'équivalent de la dose journalière tolérable", a expliqué à l'AFP la biologiste Laurence Payrastre.

Pour cette étude publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, les rongeurs ont été nourris soit avec des aliments contenant ces pesticides, soit avec l'équivalent d'aliments bio, pendant un an, "l'équivalent d'une trentaine d'années pour un humain", a-t-elle ajouté.

Différence entre les sexes

"On a observé qu'après six mois intervenait une augmentation significative du poids, par rapport aux individus non exposés, uniquement chez les mâles", selon Mme Payrastre.

Au bout d'un an, les mâles nourris aux pesticides avaient pris deux fois plus de poids que ceux nourris au bio.

Autre modification: ces souris mâles ont souffert des signes précurseurs du diabète, une hyperglycémie à jeun, et "leur foie est rempli de gouttelettes lipidiques".

Chez les femelles, rien de tel. "Cette différence entre les sexes est assez nette. Cela veut peut-être dire que les oestrogènes [hormones sexuelles femelles] ont un effet protecteur contre les effets des pesticides", a avancé la chercheuse.

"Évidemment il est toujours délicat de transposer de l'animal à l'homme. Chez l'homme, des études épidémiologiques montrent que si on privilégie une alimentation bio, on a moins de risques de développer un syndrome métabolique. Ce qui laisse penser que l'exposition prolongée aux pesticides a aussi un effet sur nous", a-t-elle estimé.