Sylviane Gilmont, inspiratrice d'une laine éthique

Chez Natagora, Sylviane s'occupe du projet Laine fleurie. Il vise à revitaliser la filière locale de la laine des moutons qui entretiennent, par pâturage des sites de grand intérêt biologique. Une mission qui convient bien à cette amie des moutons et de la nature.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

"Je travaille pour Natagora depuis cinq ans. Je m'occupe de projets dont le but est de promouvoir une agriculture à visage humain, respectueuse de la nature. L'impact négatif de l'agriculture sur l'environnement n'est en effet pas inéluctable, bien au contraire. L'agriculture peut permettre de créer des milieux particulièrement riches en biodiversité.

C'est l'objectif du projet Laine fleurie. Nous voulons valoriser la laine des moutons rustiques qui pâturent et aident à la conservation de milieux sensibles: en réserves naturelles, sites Natura 2000 et prairies à haute valeur biologique. Le projet me tient particulièrement à cœur car les moutons font partie de ma vie, nous en avons à la maison depuis vingt ans.

Les milieux ouverts par l'homme il y a des siècles pour y faire paître leurs bêtes ou produire du foin accueillent de très nombreuses espèces de plantes à fleurs typiques, souvent rares, parfois menacées. Elles favorisent à leur tour une grande diversité d'insectes dont l'abondance attire autant d'espèces qui s'en nourrissent. En y maintenant un agropastoralisme adapté, l'agriculteur s'érige en partenaire de la biodiversité.

Pourtant, malgré les primes, les éleveurs gestionnaires de ces sites ont du mal à joindre les deux bouts… Il n'y a plus de débouchés chez nous pour la laine produite qui part en vrac à très bas prix vers la Chine. À la maison, nous faisons tondre aussi nos moutons et je vois cette laine partir avec le tondeur… À l'inverse, moi, j'ai toujours du mal à trouver une laine qui me plaise, du véritable fil de laine, car aujourd'hui, il n'y a quasiment plus de laine de mouton dans les pelotes. Donc, Natagora s'implique dans la valorisation de la laine locale et assure sa promotion. Une valorisation qui passe par un prix garanti payé pour les toisons. Soutenir les éleveurs qui entretiennent des milieux sensibles, c'est soutenir la biodiversité.

Au-delà, le projet s'inscrit dans le cadre de l'Interreg DEFI-Laine, qui s'attache au redéploiement d'une filière de valorisation de la laine produite en Grande Région. Ainsi, la Laine fleurie implique entreprises et artisans locaux, et redynamise l'économie régionale. Les créatrices wallonnes Françoise Lesage et Florence Toussaint proposent les premiers produits en Laine fleurie: des poufs, rembourrés à la balle d'épeautre, un produit naturel et bien sûr local. Mon rôle est de m'occuper de la promotion et de mettre en contact les acteurs de la filière. Au fond, Laine fleurie, c'est une forme de résilience: pour éviter la dépendance définitive à l'agro-industrie qui nous confisque la production et la qualité, il est essentiel de sauvegarder les savoir-faire."

 

Les SDG Voices

En 2018, Metro et Natagora sont ambassadeurs des Objectifs de développement durable de l'Onu (SDG). À travers une série de portraits, Natagora montre comment la protection de la nature participe à un projet de société plus global. L'action de Sylviane s'inscrit dans l'objectif 8 «Travail décent et croissance économique», appelant à la création d'emplois décents ainsi qu'à une production et une consommation durable.